Backchich.com, Ceux sur qui Lansana Conté peut compter (Kaba Bachir), 01/02 :
« Depuis le temps que la chute de Lansana Conté, le président guinéen, est annoncée, son clan a eu le temps d’organiser la succession. Et espère que ses plans n’ont pas rouillé dans les tuyaux. [...] Le clan présidentiel ne désespère pas de se maintenir au pouvoir, une fois le vieux écarté. Et sans introniser le fifils, pourtant patron de la garde présidentielle. “Le clan présidentiel et la première dame savent très bien que personne ne veut d’Ousmane”, se félicite une barbouze en villégiature à Conakry. Restent deux scenarii. Si la rue se calme, l’intérim sera confié au nouveau ministre des Affaires présidentielles, Eugène Camara. La médiation de la Première dame Henriette Conté et l’annonce de la nomination d’un Premier ministre indépendant s’inscrivent dans ce cheminement. Encore faut-il que les manifestations ne se transforment en insurrection. En ce cas, une méthode plus prosaïque serait employée : l’appel à un “sauveur”. Prévoyant, le chef d’État major Kerfalla Camara s’est rendu à Paris en février dernier, histoire de se faire adouber. [...] Et l’important bataillon de “Rangers guinéens”, formé et équipé par le soin d’anciens officiers américains et français, lui est tout dévoué. Une assurance tout-risque. “Conté ne passera jamais la main en dehors de son clan”, confirme un haut gradé. »
L’article n’aurait, en apparence, rien de surprenant si ce n’était la date de sa parution : 10 jours avant la nomination très peu consensuelle du « premier ministre de consensus » exigée par les syndicats, et obtenue par un accord après 18 jours de grève générale. À cette date, et même jusqu’à la veille de sa nomination, aucune autre source française ou étrangère à notre connaissance ne mentionnait le nom d’Eugène Camara, alors ministre des affaires présidentielles. Les quelques journaux qui se sont livrés aux jeux des pronostics, Jeune Afrique par exemple, ne le mentionnaient pas. Les syndicalistes Guinéens affirment n’avoir été ni consultés ni informés sur ce choix qui a instantanément remis le feu aux poudres. Interrogés, des militants guinéens d’obédiences diverses vivant en France, affirment qu’aucun indice ne laissait prévoir ce nom, même si l’on peut s’attendre à tout de la part de Conté. Le journaliste de Backchich apparaît donc singulièrement bien informé. Si la source est la « barbouze en villégiature à Conakry » évoquée par l’article, cela constituerait un indice supplémentaire (Cf. Billets précédent) sur la manière dont les services français sont étroitement associés à la gestion de la fin de règne de Lansana Conté en Guinée. Un article du Monde (15/02, lire plus Haut) confirmait par ailleurs la présence récente de représentants du clan Conté à la cellule Africaine de l’Élysée.
Victor Sègre