Survie

Affaire Borrel : le feuilleton continue

(mis en ligne le 1er novembre 2007) - olivier

En expulsant, le 23 octobre, la famille de Mohamed Saleh Aloumekhani vers le Yémen, le chef de l’État Ismaël Omar Guelleh tente de faire taire celui qui le met directement en cause dans l’assassinat du juge Borrel. Mohamed Aloumekhani, lui-même réfugié en Belgique, est un témoin essentiel. Son témoignage implique les plus hautes sphères de l’État djiboutien. Il a déjà fait l’objet de pressions, de tentatives de subornation et de menaces de mort. Pour Survie et l’Association pour le respect des Droits de l’homme à Djibouti (ARDHD) cette « agression caractérisée » que constitue cette expulsion est un acte de « persécution  » qui vise à « entraver la marche de la vérité sur l’affaire Borrel, et tente ainsi de soustraire l’actuel président djiboutien et son entourage à leur mise en cause dans la commandite de l’assassinat du juge Borrel.  » (lire le communiqué de presse sur www.survie-france.org). Depuis plusieurs semaines, le régime djiboutien mène également une campagne de communication hostile à la France. Localement, plusieurs fonctionnaires et coopérants français, des membres du clergé catholique ont été accusés de « pédophilie » et de « trafics illicites  ». Cette campagne a culminé le 20 octobre par des manifestations anti-françaises clairement orchestrées par le pouvoir. Cette nouvelle crise dans les relations franco-djiboutiennes intervient au moment où de nouvelles informations révèlent la collusion entre la dictature djiboutienne et d’anciens dirigeants français pour étouffer l’affaire Borrel. De nouveaux éléments qui font suite à la perquisition du Quai d’Orsay, le 20 avril dernier, par les deux juges d’instruction Fabienne Pous et Michèle Ganascia. Les deux magistrates, qui enquêtent sur une plainte déposée, en février 2005, par Élisabeth Borrel pour « pression sur la justice » contre l’ancien porte-parole du Quai d’Orsay, Hervé Ladsous, avaient saisi à cette occasion de nombreux supports informatiques. La pêche fut bonne puisqu’une note révélée par Le Figaro du 23 octobre atteste de l’existence de pressions sur la justice française exercées par Pierre Vimont, à l’époque directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères.

Olivier Thimonier, avec l’ARDHD

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 163 - Novembre 2007
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