« Ça fait plus de vingt ans que votre ministre des Affaires étrangères est un Américain venu d’ailleurs », a déclaré Nicolas Sarkozy lors de sa récente visite aux États-Unis, devant le French-American Business Council à Washington.
Peu de temps auparavant, devant la communauté française, il parlait de son amour pour l’Amérique, dotée depuis vingt et un ans d’un ministre des Affaires étrangères qui n’est « pas américain du canal historique ». Déjà, le 21 septembre dernier, il avait inclus la secrétaire d’État Condoleezza Rice parmi des « Américains de l’extérieur ».
En remettant la Légion d’honneur au vétéran américain Charles Shay, qui a débarqué à Omaha Beach en 1944, et qui est devenu aujourd’hui chef indien, Nicolas Sarkozy s’est vanté d’avoir deux points communs avec lui : « Je suis un immigré tout comme vous, et moi aussi je suis chef. »
Apparemment Nicolas Sarkozy a un problème avec son statut de Français issu de l’immigration et avec la couleur des gens. Mais il a aussi un problème avec la connaissance de l’histoire ancienne et récente des États-Unis. Bien avant Madeleine Albright, née en Tchécoslovaquie, devenue secrétaire d’État en 1997, Henry Kissinger, né en Allemagne, avait occupé ce poste. Certes Colin Powell est né à New York de parents immigrés jamaïcains, mais les ascendants en Alabama de Condoleezza Rice sont des Américains depuis des générations, à peu près comme les Bush. Tous les Américains sont venus d’ailleurs sauf les Indiens, seuls autochtones, alors que, pour Sarkozy, un Indien a forcément une tête d’immigré.
Odile Tobner