“Entre Paris et l’Afrique, la défaite de l’imprudent Bockel sonne aussi la victoire d’un homme : Robert Bourgi. Avocat et intermédiaire (...) il est l’un des animateurs patentés des réseaux d’influence qui continuent d’irriguer l’ancien empire colonial français (...). Naguère, il fut au moins l’élève - sinon le légataire - de Jacques Foccart, le plus secret des conseillers du général de Gaulle. (...).
Vigoureux, le propos du secrétaire d’État (Bockel) s’inscrivait pourtant dans le droit fil du discours prononcé à Cotonou (Bénin) en mai 2006 par le candidat Sarkozy. Le futur président jurait alors vouloir "construire une relation nouvelle" avec l’Afrique et, pour cela, la "débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autres mandats que ceux qu’ils s’inventent". Objection rejetée avec aplomb par Bourgi : "Ce texte, dit-il, avait été écrit par David Martinon." On ne saurait mieux dire qu’il n’engage plus l’Élysée... ”
par Hervé Gattegno
Le candidat Sarkozy n’avait semble-t-il pas été affranchi par Chirac, ni même par Pasqua, à propos des rapports occultes de la France et de l’Afrique, d’où ces paroles en l’air pour faire bien. Une fois mis au parfum par Robert Bourgi, disciple de Foccart - dont il a fait un vibrant éloge (voir Billets 163) - il est vite revenu à de meilleurs sentiments à l’égard du bienfaiteur de la politique française qu’est Bongo. Il a dû être chapitré également par Bolloré et Cie et tous les grands bénéficiaires français de l’exploitation des pays africains, qui n’ont pas intérêt à ce que le type de régime qui y règne change radicalement.
Bourgi, en ridiculisant le chef de l’Etat, mériterait la sanction qui s’impose. Les paris sont ouverts... selon les bookmakers, c’est un cheval de service qui court en marge de l’hippodrome.
Odile Tobner