Survie

À fleur de presse

Bêtisier césairien

(mis en ligne le 1er mai 2008) - Odile Tobner

La disparition de Césaire a été l’occasion de nombreux couacs dans les médias hexagonaux, qui ont brillé par leur ignorance et leur racisme. PPDA a fait l’ouverture de son journal sur TF1 par la phrase : « la Martinique est en deuil ». Nul doute que lorsque Denis Tillinac quittera ce monde on dira « le Périgord est en deuil ». On a entendu ailleurs qualifier Césaire de « francophone ». Personne n’a pensé à déplorer la disparition du plus grand écrivain français vivant. Tout a été rabattu sur l’exotisme et la « négritude » caricaturée pour l’occasion par les bavards de service. Et comme personne de ce beau monde ne connaît l’œuvre de Césaire on a déformé à qui mieux mieux les titres et les genres. Sur le plateau de Guillaume Durand on a parlé du « Cahier du retour au pays natal » au lieu « d’un retour » et du « Discours contre le colonialisme », au lieu de « sur le colonialisme ». On a parlé de la pièce de théâtre sur Toussaint Louverture, qui est en réalité un essai politique, confondant sans doute avec « La tragédie du roi Christophe ». Enfin, au journal de France 3, on a annoncé la lecture de quelques vers du poète, dont la poésie n’a jamais été sous forme versifiée, ce qui était aisément vérifiable à l’audition de l’extrait en question. Mais quoi on parlait de Césaire, c’était déjà bien beau. S’il fallait en plus s’informer avant de parler d’un Noir, faut pas rêver.

Odile Tobner

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 169 - Mai 2008
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