A l’occasion de la visite à Paris, le 12 juin dernier, du président nigérian Umaru Yar’adua, la France et le Nigeria ont signé un partenariat stratégique. Une coopération qui concernera sept secteurs prioritaires : pétrole, gaz et énergie, transports, sécurité, agriculture, éducation et environnement. Avec une préférence marquée pour le pétrole, le nucléaire et la sécurité.
En attendant l’ère merveilleuse du tout-nucléaire, la France souhaite, sans rire, aider le Nigeria à "mettre en valeur les importantes réserves de pétrole et de gaz du Nigéria". Sur l’énergie nucléaire, les deux pays relèvent l’intérêt pour le Nigeria de se doter à long terme d’un programme électronucléaire à même de répondre à des besoins croissants en énergie. La France, qui cherche à vendre, à tour de bras, sa technologie nucléaire « est donc disposée à examiner avec attention les demandes du Nigeria à cet effet". Autres projets : le développement de l’enseignement du français au Nigeria et l’ouverture de négociations en vue de la conclusion d’accords pour une "gestion concertée des flux migratoires", grande obsession française.
Enfin, dans le domaine de la défense, la France veut aider le Nigeria à améliorer la sécurité de l’approvisionnement énergétique dans le delta du Niger, eldorado pétrolier, menacée par les opérations du Mouvement d’émancipation du Delta du Niger (Mend). Dans ce but, Paris va envoyer au Nigeria une mission de courte durée pour aider la marine nigériane à renforcer ses capacités de contrôle maritime et fluvial et d’interception en mer. L’urgence à pomper tranquillement est déjà bien réelle puisque le Mend a pris pour cible, le 19 juin, le champ offshore de Shell-Bonga (un monstre haut comme un immeuble de douze étages, 305 mètres de long, 58 de large) situé à 120 km au large de Lagos, jusqu’alors considéré comme inatteignable par les groupes armés. L’attaque inquiète l’industrie pétrolière, pour qui l’extraction offshore est considérée comme une zone de garantie de production. On comprend donc, avec cette première annonce de coopération, que parmi ces sept secteurs prioritaires, il y en a certain plus important que d’autres. On attend de connaître, avec impatience, la hauteur et la nature de la coopération française en matière d’environnement dans une région victime d’une catastrophe écologique majeure, conséquence directe de l’exploitation pétrolière. Rappelons aussi que 80 % des 27 millions d’habitants du delta survivent avec moins d’un dollar par jour et que fuyant la misère, beaucoup viennent grossir les rangs des candidats à l’exil. Les revendications sociales et politiques ne manquent donc pas (Billets d’Afrique 155, février 2007). Les mêmes revendications qu’expriment, de plus en plus fort, les habitants du nord du Niger, lassés du pillage de leur ressource en uranium par Areva.
Rdb