La situation dans l’est du Congo, dans la province
du Kivu, est une honte pour l’ONU.
La Monuc, forte de 17 000 soldats, censée
protéger les populations de cette province
où les hostilités n’ont pas cessé depuis plus
de dix ans s’est illustrée par divers scandales
mais jamais par sa capacité à faire régner un
ordre quelconque, malgré son coût annuel
d’un milliard de dollars. Son dernier commandant,
le général espagnol Vicente Dias
de Villegas, nommé le 25 août, a démissionné
le 28 octobre.
La situation au Kivu est également une honte
pour le gouvernement de la République
démocratique du Congo, incapable d’assurer
l’autorité de l’État dans cette province,
incapable surtout de contrôler l’armée gouvernementale,
les Fardc, qui s’illustrent par
leurs exactions contre la population civile et
s’enfuient devant les bandes armées.
La population du Kivu, où les victimes des
guerres qui font rage depuis plus de dix ans
se comptent par millions, où plus d’un habitant
sur quatre est déplacé et a perdu tous ses
biens, vit son martyre dans l’indifférence des
autres pays, parce que sa cause n’est utile à
aucun lobby de politique internationale, parce
que les intérêts des multiples exploiteurs
du Congo trouvent leur compte dans le désordre
général. On constate, une fois de plus,
que le mélange mortel des ambitions et des
haines ethniques, ajouté à la convoitise pour
un sol trop riche, aboutit à un désastre humanitaire
que les crocodiles de tous les marigots
politiques n’auront pas honte d’exploiter.