C’est une confirmation officielle faite par Bernard Kouchner : l’arrestation « arrangée » puis l’extradition « volontaire » en France de Rose Kabuye, proche de Paul Kagamé a bien fait l’objet d’un accord franco-rwandais (Billets d’Afrique n°176, janvier 2009). Mise en cause dans l’instruction Bruguière pour complicité d’assassinats et association de malfaiteurs, le tout en relation avec une entreprise terroriste, Rose Kabuye avait pourtant été remise en liberté sous contrôle judiciaire puis avait obtenu l’autorisation de circuler librement entre Paris et Kigali.
Dans une interview à Jeune Afrique (n° 2515, 22 mars 2009), Bernard Kouchner, très discret depuis quelques semaines, le dit sans détour : « l’idée, c’est vrai, est venue d’ici. Nous n’avions aucune intention d’entraver la justice. La proposition faite au président Kagamé était la suivante : si vous voulez accéder au dossier de l’instruction, la seule solution est que l’un des mis en examen se livre. Rose Kabuye a été courageuse. Contrairement a ce que j’ai lu et entendu, il n’était pas certain qu’elle soit remise en liberté par le juge. »
Dans le genre faux-cul, Kouchner se pose là, faisant croire, la main sur le cœur, que la justice française n’aurait pas suivi à la lettre les termes d’un deal politique. Ce n’est finalement qu’un juste retour des choses puisque l’instruction sans consistance du juge Bruguière était plus politique que judiciaire. Mais ça, Kouchner ne pouvait pas le dire.