Le Nigeria tente de récupérer quelques 150 millions de dollars de pots-de-vin versés à des responsables nigérians par la société américaine de services pétroliers Kellogg Brown & Root (KBR) et toujours gelés sur des comptes en Suisse. Il réclame également aux autorités américaines les noms des personnes qui ont reçu ces pots-de-vin.
KBR et son ancienne maison-mère Halliburton ont accepté en février de verser 579 millions de dollars au total après avoir plaidé coupable de corruption au Nigeria.
Les sociétés ont versé pendant dix ans des pots-de-vin à des responsables du gouvernement nigérian afin d’obtenir des passations de marchés et des contrats de construction et d’ingénierie selon le ministère de la Justice américain.
En tout, près de 182 millions de dollars ont été versés à des responsables nigérians. Sur ce montant, environ 150 millions sont toujours gelés sur des comptes bancaires en Suisse.
Olusegun Adeniyi, le porte-parole présidentiel a précisé que la France, dont « la justice a été la première à enquêter sur cette affaire », avait également été contactée « afin d’établir une vraie liste des responsables corrompus ». Y avait-il donc une fausse liste ? On est donc impatient de connaître cette fameuse liste qui devra mentionner, pour être tout à fait sérieuse, les entreprises corruptrices. Mais s’il est vrai que la justice française a été la première à enquêter (Billets d’Afrique n°179, avril 2009), elle est loin de faire du zèle. Car le résultat de l’enquête a été au final très décevant. Si l’ancien ministre nigérian du pétrole Dan Etete (1995 à 1998) a été reconnu coupable d’avoir blanchi des fonds provenant de commissions versées notamment par Elf dans les années 1990 et condamné, le 18 mars, à huit millions d’euros d’amende pour blanchiment aggravé, Elf, devenu Total, n’a jamais été inquiétée.