Survie

Madagascar : Ratsiraka dans un Falcon français

(mis en ligne le 1er septembre 2009) - Raphaël de Benito
Didier Ratsiraka, vieux cheval françafricain
subventionné par la France

Relevé dans Le Quotidien de la Réunion et de l’océan Indien (27 août 2009) : « Si Marc Ravalomanana est arrivé dans la capitale du Mozambique par la route, les autres chefs des délégations malgaches et leurs membres ont pris la voie des airs. Didier Ratsiraka, domicilié à Neuilly-sur-Seine, a bénéficié, une fois encore, de l’appui logistique de l’État français pour se rendre à Maputo. Comme lors du dernier sommet au début du mois (le Quotidien du 20 août), l’ancien président de la Grande île a voyagé dans un Falcon mis à sa disposition par l’Etec (Escadron de transport, d’entraînement et de calibration) qui dépend du ministère de la Défense.

Interrogé sur les conditions de l’attribution de cet avion à Didier Ratsiraka, un membre du ministère de la Défense, qui a gardé l’anonymat, précise que « nous ne décidons pas de l’attribution de tel ou tel avion. Cette décision relève du cabinet du Premier ministre », qui consulte l’Élysée avant de se prononcer. Joints hier par téléphone, les services de Matignon et de l’Élysée n’ont pas daigné répondre à nos questions. Reste à savoir si une note sera envoyée à Ratsiraka... ou aux contribuables. L’utilisation d’un Falcon 50 revient à 4 553 euros l’heure, et à 9 431 euros de l’heure pour un Falcon 900, un appareil plus moderne et plus rapide (chiffres 2007). Toujours est-il que cette attribution traduit le soutien à peine voilé apporté par la France à Didier Ratsiraka et aux négociations de Maputo. »

Encore une ingérence inadmissible qui sent la Françafrique à plein nez. Voilà que la France subventionne un ancien dictateur richissime qui a mis en coupe réglée la Grande île dès 1976. En 2002, battu par Marc Ravalomanana, soutenu discrètement par Paris, il avait refusé d’admettre sa défaite tandis que la France traînait des pieds pour reconnaître le vainqueur.

En mars dernier, deux jours à peine après de la chute de Ravalomanana et l’accession par un putsch d’Andry Rajoelina (dit TGV) à la tête du pays, le tout nouvel ambassadeur de France, Jean- Marc Châtaignier le rencontrait entérinant ainsi sa prise de pouvoir. Une caution réitérée en juillet dernier par la présence à Madagascar du chef d’État major des forces françaises dans l’océan Indien. Sans parler du tandem Guéant/Bourgi se démenant pour obtenir que Mouammar Kadhafi reçoive Andry Rajoelina.

Chose faite à la mi-mai. La Lettre du Continent nous apprendra plus tard que lors de son déplacement en Libye, TGV était accompagné de plusieurs Français dont Patrick Leloup, son conseiller pour les questions de sécurité. Sous le précédent régime, Leloup avait été expulsé de Madagascar car il était considéré comme un soutien de TGV, alors dans l’opposition.

Deux autres français étaient dans l’avion à Tripoli, l’avocat Ann-Philippe de La Giraudière et Philippe Leclerc, le président de la société d’ingénierie financière Orizon Finance où travaille également Sophie Deniau, la belle-fille de l’ancien ministre français de la justice, Jacques Toubon.

Raphaël De Benito

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 183 - Septembre 2009
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