Survie

Patronat décomplexé

(mis en ligne le 3 septembre 2009)

On se souvient qu’Anthony Bouthelier, précédent président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), avait déclaré l’année dernière : « Le fait que la France aide certains prédateurs africains la rend très impopulaire parmi les populations africaines. Cette impopularité risque de se retourner contre nos entreprises. Nous ne sommes pas complices des kleptocrates africains. » (Le Monde, 3 juin 2008). Si cette interview n’avait été suivie d’aucune sorte de moralisation des relations économiques entre la France et l’Afrique, au moins s’agissait-il d’un petit pavé dans la mare. Alexandre Vilgrain, nouveau dirigeant du CIAN n’a pas ces états d’âme.

A l’occasion de la visite en France de Paul Biya, celui qui contrôle notamment le marché du sucre et de la farine au Cameroun s’est exclamé narquois : « Le Cameroun c’est pas Pinochet, quand même, faut pas exagérer ! » (Journal Afrique de RFI, 24 juillet). Sans se lancer dans une comparaison exhaustive des vertus des deux régimes dictatoriaux, on peut remarquer une certaine parenté dans l’utilisation de l’armée pour réprimer les revendications politiques ou sociales, la répression des émeutes de février 2008 en constituant la dernière brillante illustration. Combien faut-t-il de « disparitions », d’exécutions extrajudiciaires, de manifestants abattus d’une balle dans la tête et de centaines de jeunes emprisonnés par une justice d’abattage aux ordres du pouvoir, pour faire cesser de ricaner le représentant des entreprises françaises en Afrique ? Parions qu’il n’y a pas de limites.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 183 - Septembre 2009
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