Survie

Bouc émissaire

(mis en ligne le 1er octobre 2009) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Cela fait plus d’un an que l’opposant tchadien Ibni Oumar Saleh a été éliminé par les militaires d’Idriss Déby. En février 2008, celui-ci avait bénéficié de l’aide militaire française pour repousser in extremis une ènième attaque rebelle. Dans la confusion, Déby en avait profité pour faire taire son opposition. Le tollé suscité avait conduit à la création d’une Commission d’enquête, tout sauf indépendante. Celleci avait conclu à une « mort probable » d’Ibni sans désigner de responsables. Depuis, elle est au point mort. Pourtant, l’implication de la garde rapprochée de Déby ne fait aucun doute. Déby a tenté cet été de faire porter le chapeau à un des ses généraux parmi les plus fidèles. Cela tombait bien, Mahamat Ali Abdallah était à l’article de la mort et un mort ne parle jamais. « Moi je suis un homme (…) de fidélité, je n’abandonne jamais mes compagnons, ce sont eux qui m’abandonnent souvent. Mais Mahamat Ali est indexé par la communauté internationale comme le premier responsable de la mort d’Ibni Oumar, on ne peut donc pas le garder dans un gouvernement. (…) Je le nommerai à un poste moins exposé ».
Pas de chance, Mahamat Ali Abdallah fait de la résistance et se remet sur pied, contrariant ainsi le scénario idéal de Déby. Mais celui-ci est toujours décidé à faire de son général, un bouc émissaire. Une énorme ficelle alors que l’on connaît parfaitement le commanditaire, Déby luimême. Un scénario que s’empressera de valider la Commission d’enquête pour, enfin, retirer l’épine Ibni Oumar. Parions que la France signera des deux mains.

Soutenez l'action en justice contre Total !
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 184 - Octobre 2009
Les articles du mensuel sont mis en ligne avec du délai. Pour recevoir l'intégralité des articles publiés chaque mois, abonnez-vous
a lire aussi