Survie

Ali Bongo, toujours branché sur l’Elysée

(mis en ligne le 1er novembre 2009) - Raphaël de Benito

La cellule Afrique de l’Elysée
est toujours le « cabinet
conseil » du nouveau
président gabonais.

Après la mise en place d’institutions à sa solde, d’une campagne présidentielle
sur mesure parfaitement déséquilibrée,
d’élections grossièrement truquées,
de recours constitutionnels vite expédiés, le
pouvoir tout neuf du fiston Bongo est entré
dans une phase de « consolidation » : remise
au pas du parti présidentiel et de ses « chapelles
 », nomination d’hommes sûrs, entraves à
l’exercice du droit syndical pour les agents
publics et surveillance policière permanente
de l’opposition et de la société civile afin de
circonscrire l’embrasement du front social.

Par ailleurs, Ali Bongo, toujours conseillé
voire cornaqué par l’Elysée, multiplie les
annonces pour une « modernisation » du
Gabon. Parmi ces annonces, une, fait particulièrement
sourire : la transparence du patrimoine
des ministres dont la plupart sont
perfusés depuis des décennies par le système
Bongo. Quant au patrimoine du clan
Bongo, dont les membres occupent la plus
grande partie des présidences de conseils
d’administration de société publiques, parapubliques
et privées, il se confond avec les
caisses de l’Etat. L’instruction de l’affaire
des « biens mal acquis », opportunément
enterrée le 28 octobre par le parquet de Paris,
a déjà donné une idée de l’ampleur des
détournements. A ce sujet, le co-plaignant
gabonais dans cette affaire, Gregory Ngbwa
Mintsa, fait l’objet d’un traitement de faveur
 : interdiction de sortie du territoire et
suspension de salaire depuis dix mois.

On l’aura compris, cette « modernisation »
cosmétique est seulement destinée à accréditer
l’idée d’une rupture dans la conduite
des affaires du pays. Une petite musique
jouée en stéréo par le secrétaire d’Etat français
à la Coopération, Alain Joyandet, après
la confirmation sans surprise de l’élection
d’Ali Bongo par la Cour constitutionnelle :
« Il faut maintenant lui laisser le temps de
démontrer qu’après le père, le fils peut être
un président de rupture et répondre à l’attente
des Gabonais »
.

Omar Bongo, un président de rupture ?
Cela avait échappé aux gabonais !

En revanche, ce qui n’a pas échappé aux
observateurs, c’est que les affaires continuent
dans les coulisses de la Françafrique.
La Lettre du Continent (n°574) se
fait l’écho du voyage secret à Paris d’Ali
Bongo début octobre : « le président gabonais,
qui a entre autres eu une entrevue
avec le Secrétaire général de l’Elysée
Claude Guéant, était accompagné
d’Henri-Claude Oyima (BGFI-Bank) qui
a rencontré Romain Zaleski (Eramet) et
Me Olivier Cren »
. Ce dernier, introduit
par Zaleski, est désormais un des avocats
d’Ali Bongo en charge des dossiers de la
BGFI Bank, le « joyau de la Couronne ».

Raphaël De Benito

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 185 - Novembre 2009
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