« Je ne dîne pas avec la Françafrique ! ». Théâtral, c’est ce qu’a lancé Kouchner en quittant précipitamment le dîner privé organisé par le nouveau président mauritanien Abdel Aziz (La Lettre du Continent). La soirée rassemblait, fin octobre à Paris, entre autres, son homologue officieux Robert Bourgi, le secrétaire d’État à la Coopération, Alain Joyandet, le patron de la DGSE, Erard Corbin de Mangoux, l’ambassadeur de France à Nouakchott, Michel Vandepoorter et le directeur Afrique du Quai d’Orsay, Stéphane Gompertz.
Kouchner ne visait tout de même pas ses subordonnés, Joyandet, Gompertz et Vandepoorter ? C’est, en tous les cas, un cri du coeur qui interpelle. Kouchner serait-il enfin revenu à la raison ? Aurait-il quitté les oripeaux de la realpolitik et oublié d’être cynique ? Dans un dernier sursaut d’honneur, de clairvoyance et d’humanité, aurait-il décidé de signer l’acte de décès de la Françafrique ?
Mais pas du tout ! Il s’agissait de sauver les apparences ! De montrer qu’il est le patron de la diplomatie française alors que, pour les affaires africaines, tout se décide à l’Élysée autour de Claude Guéant et de Robert Bourgi, toujours aussi influent quoi qu’en disent les commentateurs.
Car Kouchner souhaitait que son ministère et lui-même organisent le dîner en l’honneur du général putschiste Abdel Aziz, maîtrisant ainsi les invitations. Et puisque cela s’est avéré impossible, il a tenté d’être le seul haut représentant français invité, sans son secrétaire d’État et l’inévitable Bourgi. Bref une nouvelle crise d’ego qui, au passage, révèle cruellement les véritables lieux de pouvoir.