Dans une frénésie rédemptrice, le président burkinabé est sur tous les fronts de la médiation internationale, lui qui est davantage connu pour son rôle dans la déstabilisation de la sous-région, du Liberia à la Côte-d’Ivoire. Une stature de sage que lui façonnent ses admirateurs français réunis dans l’association France-Burkina.
Après la Guinée où il vient de conforter Dadis Camara, Blaise Compaoré s’est donc rendu au Soudan, les 30 et 31 octobre dernier, pour une « visite d’amitié et de travail ». Il y a rencontré le président Omar el-Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis au Darfour.
Lors d’un sommet de l’Union africaine en juillet à Syrte (Libye), les États africains avaient décidé de ne « pas coopérer » avec la CPI « dans l’arrestation et le transfert » d’el-Béchir, en estimant notamment que la demande de la Cour sapait « les efforts déployés en vue de faciliter un règlement rapide du conflit au Soudan » .
Six ans de conflit, 300 000 morts selon les estimations de l’ONU, des milliers de réfugiés, on a vu règlement plus rapide. À ce sujet, Kouchner, tout jeune ministre d’ouverture, qui avait fait du Darfour son dossier prioritaire est désormais d’une discrétion de violette. Pis, on risque de voir el-Béchir au prochain sommet Afrique-France du Caire, les Égyptiens souhaitant l’inviter ! Avec Compaoré en médiateur ?