À en croire les gouvernements français et américain, la région du Sahel est le sanctuaire de terroristes islamistes. La menace supposée justifie les accords de coopération antiterroristes avec les pays de la région. Dans le cas de la France, entre autres prétextes, la lutte antiterroriste autorise le soutien à des coups d’États comme celui du général putschiste mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avec qui les contacts sécuritaires se font au plus haut niveau. Et peu importe si le gouvernement mauritanien n’hésite pas à manipuler la question afin de s’assurer d’un soutien occidental (Billets d’Afrique, juillet-août 2008). Tout le monde est gagnant : des putschistes légitimés tandis que la France renforce son influence dans une région à fort potentiel pétrolier.
Or, d’après des experts américains auditionnés au Congrès des États-Unis, la branche maghrébine d’Al-Qaïda (Aqmi, ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat, GSPC), groupe originaire d’Algérie, n’a pas vraiment réussi à étendre sa zone d’influence dans la région du Sahel. Ces experts, qui s’exprimaient devant une commission du Sénat chargée de la lutte anti terroriste au Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria et Sénégal) ont estimé que l’Aqmi est « étranglée financièrement, en particulier en Algérie, et est incapable d’atteindre ses objectifs en matière de recrutement ». Selon John Carson, sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires africaines, l’Aqmi prône « une idéologie et des tactiques violentes » trop radicales pour la plupart des habitants du Sahel (AFP, 17 novembre). Le groupe n’a pas réussi à bâtir « des alliances significatives avec les mouvements d’insurrection et les réseaux criminels actifs dans la région », a-t-il ajouté, estimant que l’organisation « ne peut sérieusement menacer des gouvernements ou la stabilité régionale, ni ne devrait gagner un soutien important parmi les populations de la région ». Afrique de l’ouest, la drogue plus que l’islamisme
Plus que l’extrémisme islamiste, le trafic de drogue entre l’Amérique latine et l’Europe constitue « la menace la plus importante contre la stabilité régionale », a affirmé mi-novembre David Gutelius, expert de la société de consultants Ishitrak, devant un groupe de sénateurs américains. Cet expert, qui cite notamment le Maroc, la Libye et l’Égypte parmi les pays de transit. De son côté, l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime (ONUDC) affirmait en 2008 que la Guinée-Bissau semblait être « un point clé d’entrée de la cocaïne en Afrique ».
La Guinée Conakry est également touchée mais aussi d’autres pays comme le Libéria, le Sénégal et le Mali où vient d’être découvert un mystérieuse Boeing calciné ayant servi au transport de drogue.