Avec « 2010, année de l’Afrique », Nicolas Sarkozy a pris le prétexte du cinquantenaire des indépendances africaines pour célèbrer « l’achèvement d’une rénovation profonde de nos relations avec le continent africain ». En faisant défiler, le 14 juillet prochain, les armées africaines qui répriment la moindre contestation.
Dans la tambouille du marketing politique chère à Nicolas Sarkozy, le chef de l’Etat a la sale habitude de piétiner allégrement les symboles de la République ! Ainsi, le 14 juillet, symbole de la conquête des libertés, les Champs- Elysées verront défiler des contingents des anciennes colonies tandis que les chefs d’Etat concernés seront associés aux festivités.
Ceux-là même qui maltraitent leur population lassée des coups d’Etat qu’ils soient militaires, électoraux ou constitutionnels. Car quels seront les contingents qui défileront ?
Les anciens combattants ou les unités gabonaises qui ont réprimées, cet été, les contestations post-électorales à Port-Gentil ? Verra-t-on l’armée tchadienne qui enrôle des enfants et qui assassine les opposants politiques ? Verra-t-on, le président congolais Sassou Nguesso, impliqué dans les massacres du Beach, saluer ses troupes sur la place de la Concorde ?
La mise en scène sera parfaite. La confusion des esprits aussi : en honorant les soldats des anciennes colonies, souvent enrôlés de force pour libérer la France de l’occupation allemande, c’est la Françafrique qui va parader le 14 juillet prochain.
C’est un message sans ambiguité envoyé aux peuples africains qui brûlent, depuis cinquante ans, de prendre leur Bastille. En fait d’achèvement, la « rénovation profonde de nos relations avec le continent africain » n’a jamais commencé. En 2009, la France a légitimé les coups d’Etat malgache et mauritanien et les hold-up électoraux gabonais et congolais renvoyant le voeu présidentiel à un simple discours incantatoire. En réalité, quelles que soient les manoeuvres de camouflage, la France a, une fois de plus, encouragé les régressions démocratiques et fait prospérer la Françafrique dans le droit fil des cinquante dernières années.
RdB