Le rétablissement des
relations diplomatiques
entre la France et le
Rwanda inquièteraitil
certains officiers
français ayant servi au
Rwanda ? Avec cette
normalisation, craignentils
d’assumer, seuls, les
errances catastrophiques
de la politique africaine de
la France qui ont conduit
à soutenir, en 1994, un
régime génocidaire ?
C’est le sens de l’interpellation
publique du général Lafourcade,
commandant de l’opération
Turquoise en 1994, à l’adresse
de Nicolas Sarkozy publiée quelques
jours après l’annonce officielle (marianne2.
fr, 15 décembre) : « Il est
normal d’exiger beaucoup des militaires,
mais ils ne peuvent être les victimes
désignées et muettes de jeux diplomatiques,
voire d’une réal politik.
Il revient alors aux hommes politiques
de prendre leurs responsabilités, y
compris pour assumer le passé », « la
question que l’on peut légitimement
se poser est : à quel prix, ce rétablissement
s’opère-t-il pour les soldats
français ? »
Lafourcade, amer et inquiet : « En
effet, si les déclarations officielles
accompagnant cette décision importante
vantent les mérites du régime
actuel de Kigali, elles font le silence
sur les graves mises en cause de l’action
des militaires français ayant servi
au Rwanda », « Ces mises en cause
sont récurrentes : plaintes déposées
en 2005 devant le Tribunal aux Armées
de Paris par des Rwandais pour
« complicité de génocide » [ndlr :
Survie est partie civile] (…). Alors
même que de nombreux militaires
ont été longuement entendus par la
Brigade criminelle en qualité de témoins,
aucune suite procédurale n’a
été donnée aux plaintes de 2005 qui
semblent être toujours en cours d’instruction.
Plus de quatre ans après, les
militaires concernés s’interrogent sur
les délais de cette procédure dont ils
demandent l’aboutissement. Mais la
presse, française et internationale,
rappelle régulièrement l’existence de
ces plaintes, relayant ainsi publiquement
ces soi-disant charges de « complicité
de génocide » (...). Suggère-t-il
à Nicolas Sarkozy qu’il serait préférable
de clore une instruction trop lente
et qui n’instruit plus ?
Concernant la lenteur de l’instruction,
on ne peut qu’approuver le général
Lafourcade en s’interrogeant,
néammoins, sur les motifs d’une telle
lenteur. Mais contrairement à ce qu’il écrit, l’instruction est toujours en
cours, avec des avocats qui produisent
des actes et réclament des pièces.
Aussi suggérons-nous, afin d’accélèrer
la procédure, la levée du secret défense
sur tous les documents relatifs à cette
période mais aussi l’augmentation des
moyens humains et matériels destinés
à l’instruction. Pas sûr que Lafourcade
nous suive dans ces revendications.
RdB