Au Burkina Faso, le régime de Blaise Compaoré avait ouvert grand les portes du pays à Monsanto, qui y avait développé un coton OGM de façon commerciale dès 2008 (cf. Billets n°204, juillet-août 2011). Après l’insurrection populaire qui renversa le régime fin 2014, le pays abandonna ce coton transgénique en 2016, pour des raisons économiques : non seulement il contribuait à ruiner davantage les cotonculteurs, mais il faisait surtout perdre de l’argent aux puissantes sociétés cotonnières, qui mirent fin à cette première expérimentation géante d’Afrique de l’Ouest (cf. Billets n°255, mars 2016). Mais les Burkinabè ne sont pas débarrassés des OGM, loin s’en faut : outre des expérimentations sur d’autres cultures, vivrières notamment (comme le haricot niébé, via des financements de la Fondation Bill et Melida Gates), le pays vient de passer à l’étape supérieure dans un programme de lutte contre le paludisme consistant à lâcher des moustiques mâles transgéniques stériles, pour qu’ils réduisent la population totale de l’espèce de moustique responsable de la propagation du parasite responsable de 27 000 morts par an au Burkina (Le Monde, 7/07). C’est encore une phase de test, mais grandeur nature : des milliers de moustiques (rendus fluorescents pour les reconnaître !) ont été lâchés. Peu importe que cette réponse technologique soit vouée, dans le meilleur des cas, à être renouvelée régulièrement pour contenir artificiellement la population de moustiques, qui prolifèrent là où la misère et le manque d’infrastructures sanitaires offrent des eaux croupies : c’est autant de bénéfices futurs. Alors que lutter contre les causes sociales ne rapporterait rien.