Après cinq années de procédures, le procureur du Tribunal aux armées de Paris a requis, le 17 mai, le renvoi devant la cour d’assises des militaires impliqués dans l’affaire Mahé, du nom de ce civil ivoirien pris, à tort, pour un coupeur de route et assassiné en 2005 par des militaires de l’opération Licorne.
Mais il a requis un non lieu en faveur du général Poncet, pourtant accusé par son subordonné, le colonel Eric Burgaud d’avoir ordonné implicitement le meurtre : « Roulez doucement, vous me comprenez », lui aurait-il déclaré.
On verra si la juge d’instruction, Florence Michon, suit ces réquisitions. A l’époque où l’affaire avait éclaté, c’est la responsabilité de donneur d’ordre de Poncet qui avait été mise en avant, puisque le ministère de la Défense avait provisoirement suspendu le général quatre étoiles pour préserver « l’image de nos armées ».
On pouvait toutefois déjà nourrir quelques doutes sur la réalité de cette sanction : Poncet avait été recasé à la Direction du renseignement militaire (DRM) avant d’être mis en retraite et de se reconvertir dans le privé. Cette suspension avait par ailleurs suscité un tollé dans l’armée et plusieurs journalistes français et ivoiriens s’étaient interrogés sur la réalité du motif qui avait conduit le ministère à cette décision.
Le général Poncet commandait en effet l’opération Licorne en novembre 2004, au moment où l’armée française s’est illustrée par des massacres délibérés de civils ivoiriens désarmés, et il pouvait donc tout aussi bien s’agir de faire sauter un fusible pour une faute considérée comme mineure de manière à ce que les crimes les plus graves restent, comme à l’accoutumée, impunis.