Survie

Trafigura, enfin face à la justice !

(mis en ligne le 2 juin 2010) - Rafik Houra

Le procès des déchets toxiques de Trafigura a débuté le 1er juin à Amsterdam. On se souvient (Billets n°174 et 185) que la cupidité de cette multinationale du négoce de matières premières l’avait amenée à raffiner à bord du Probo Koala des hydrocarbures hypersouffrés, pour vendre l’essence obtenue au Nigéria, avant de se débarrasser des déchets extrêmement toxiques à Abidjan.

L’impunité du trader Trafigura a déjà été monnayée à deux reprises : par l’état ivoirien en 2007 (Billets n°157), puis par le cabinet d’avocats londonien Leigh Day & Co en septembre dernier (Billets n°185). Ce cabinet, qui défendait les intérêts de 30 000 victimes ivoiriennes, se targue d’avoir obtenu 30 millions de livres sterling d’indemnisation (soit environ 1 100 euros par victime, au lieu des 100 millions de livres demandés initialement).

Mais la contrepartie fut lourde : une déclaration commune niant la dangerosité des déchets et la disparition de cette affaire du site web du cabinet. Les frais de justice demandés récemment par Leigh Day &
Co à Trafigura jettent la suspicion sur son intégrité : 105 millions de livres, dont 45 millions de livres de bonus pour avoir abouti à une indemnisation des victimes.

D’autant plus que la déclaration commune permet à Trafigura de bâillonner les médias britanniques. Une député nouvellement élue s’en est émue dans son premier discours au parlement britannique.

Mais on a bon espoir que l’impunité de Trafigura dans l’affaire des déchets prenne fin à l’issue du procès néerlandais qui s’ouvre maintenant. La justice devra s’appuyer sur la dissimulation de la
véritable nature des déchets présents dans les cales du Probo Koala lors de son passage à Amsterdam et de l’illégalité de leur exportation.

Greenpeace tente d’obtenir l’ouverture d’un second procès aux Pays-Bas, dirigé contre les dirigeants de Trafigura et concernant le volet ivoirien de l’odyssée des déchets. L’ONG s’appuie entre autres
sur les courriels internes de l’entreprise et sur les récentes déclarations des chauffeurs de camions-citerne ivoiriens affirmant
qu’ils ont reçu de l’argent de Trafigura pour faire de faux témoignages.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 192 Juin 2010
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