Survie

Pétrole contre pourriture

(mis en ligne le 25 juillet 2010) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

La [Coalition européenne sur le pétrole au soudan (ECOS)], plate-forme d’ONG spécialisées dans l’aide, qui avait déjà interpellé l’Union européenne par le passé sur les risques d’instrumentalisation des conflits au profit de l’exploitation pétrolière et sur les collusions possibles entre multinationales étrangères et oligarchie soudanaise, vient de demander aux gouvernements suédois, autrichien et malaisien d’enquêter sur la complicité d’un consortium pétrolier dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis au sud Soudan.

Si le consortium, formé en 1997 autour de la société Lundin Oil (Suède) avec Petronas Carigali Overseas (Malaisie), OMV (Sudan) Exploration (Autriche) et Sudapet (Soudan) n’est pas accusé d’avoir participé directement à la politique de terre brûlée menée par les forces gouvernementales, « c’est le consortium qui a exprimé le besoin d’une zone sécurisée pour ses opérations », affirme le révérend James Koung Ninrew, secrétaire général du conseil de paix dans la région, qui poursuit : « En outre, sans les contrats, le gouvernement n’aurait pas eu d’argent pour acheter des hélicoptères de guerre et des munitions. Dès que les troupes ont sécurisé la zone, elles ont déménagé vers une autre, systématiquement, et les entreprises ont suivi, jusqu’à ce que toute la zone du Bloc 5A ait été placée sous contrôle. Les entreprises pouvaient voir les villages encore en feu  » (IPS, 14 juin).

Selon le rapport d’ECOS, le consortium a non seulement travaillé aux côtés des auteurs des crimes contre l’humanité, mais également facilité la commission de ces crimes par la mise à disposition de ses infrastructures. Autrement dit, c’est à la demande du consortium pétrolier et grâce à ses moyens matériels et financiers que certaines zones pétrolières ont été vidées de leur population, avec des méthodes meurtrières qui ressemblent à celles mises en œuvres plus récemment au Darfour.

Autre zone potentiellement riche en pétrole où les crimes contre l’humanité commis par les autorités de Khartoum et leurs supplétifs pourraient profiter demain à d’autres multinationales...

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 193 - Juillet 2010
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