Survie

« Biens mal acquis, l’enquête interdite »

(mis en ligne le 4 novembre 2010) - Odile Tobner

Arte a diffusé le mardi 19 octobre un documentaire de Benoît Bertrand-Cadi « Biens mal acquis, l’enquête interdite ».

Le documentaire est censé traiter de la plainte pour corruption déposée à Paris en 2007 par les ONG Sherpa et Transparency
international France contre les présidents Bongo (Gabon), Obiang (Guinée Equatoriale) et Sassou Nguesso (Congo).

Le moins qu’on puisse dire est que ce documentaire est très confus, plus fouillis que fouillé, et qu’il donne la parole plutôt à la défense qu’à l’accusation. On y voit longuement Omar Bongo et, pendant plus de dix minutes en conclusion du documentaire, Denis Sassou Nguesso
réfuter les accusations portées contre eux.

Ce dernier est filmé dans la résidence où il travaille à Brazzaville : « Cela me suffit, c’est propre. » On y voit aussi très curieusement, en ouverture, Hubert Védrine affirmer que les pays africains indépendants ont imploré l’aide militaire de la France pour éviter la dépense d’une armée. Le même, ensuite, affirmera que le Second Empire en France, en plein essor économique, était corrompu, que
la Chine qui se développe rapidement l’est et qu’il est donc normal que
l’Afrique le soit. L’inconvénient, qui n’est pas dit, c’est que les Etats d’Afrique centrale en cause connaissent la corruption mais aucun essor.

Bien sûr on aura une promenade en voiture devant des immeuble parisiens, dans lesquels il y aurait notamment un appartement qui comprendrait neuf pièces, appartenant à l’épouse de Sassou
Nguesso. Bien sûr également on donne la parole à quelques opposants congolais qui déplorent la misère des habitants victimes de la pauvreté et de la pollution due à l’exploitation du pétrole.

On mentionne la mort, à la suite de l’incendie probablement criminel de sa maison, du journaliste franco-congolais Bruno Ossébi. Il n’est curieusement pas dit que Bruno Ossébi est mort brusquement dans
un hôpital militaire de Brazzaville où il se remettait rapidement, alors que les autorités françaises tardaient à l’évacuer.

Mais on laissera Sassou à la fin dire qu’un de ses partisans est lui aussi mort dans l’incendie accidentel de sa maison. On a une impression très mitigée au spectacle de ce documentaire faussement objectif qui oublie enfin l’essentiel : quels sont les bénéfices tirés d’Afrique centrale par les pétroliers français ? La question ne sera
posée à personne.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 196 - novembre 2010
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