Le 18 septembre dernier, le juge d’instruction Patrick Ramaël s’est vu notifier une enquête administrative sur son activité, à la demande de sa hiérarchie et avec l’aval du ministère de la justice.
Le porte-parole de ce dernier a refusé d’expliciter les raisons de cette inspection, affirmant que les deux supérieurs hiérarchiques de Ramaël avaient « relevé des comportements susceptibles de constituer des manquements professionnels ».
Parmi ces deux magistrats, comme le rappellent LesInrocks.com et Rue 89 (22 octobre), on trouve notamment Jean-Claude Magendie, ex-premier président de la cour d’appel de Paris, aujourd’hui retraité, « membre de la commission de réflexion sur les conflits d’intérêts… et membre du conseil de surveillance du groupe Lagardère », qui avait déjà estimé que les quatre mandats d’arrêts internationaux délivrés en 2007 à la demande de Ramaël contre certaines personnalités marocaines dans le cadre de l’affaire Ben Barka étaient « irresponsables », alors que Sarkozy était en visite officielle au Maroc.
Nul doute que la perquisition qu’il a menée cet été au siège de la DGSE (une première depuis l’extension du secret défense à certains lieux) pour la même affaire n’a pas contribué à faire remonter sa côte de popularité dans les sphères du pouvoir français et marocain.
Son obstination dans les affaires de disparitions de Guy-André Kieffer et Xavier Ghalber en Côte-d’Ivoire n’est peut-être pas étrangère non plus à cette mesure, à l’heure où Guéant est allé sceller la réconciliation entre les présidences françaises et ivoiriennes à Abidjan.
Comme le souligne l’association française des magistrats instructeurs, comme pour Renaud Van Ruymbeke qui avait également été visé par une procédure disciplinaire à l’initiative du Garde des Sceaux, « il s’agit de quelques juges que l’on tente de déstabiliser parce qu’ils se heurtent chaque jour à la raison d’Etat et à leur hiérarchie en faisant simplement leur métier ».