Survie

Leloup dans la bergerie malgache

(mis en ligne le 7 février 2011) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Cela fera presque deux ans, en mars 2011, que Madagascar est plongée dans une grave crise politique après le renversement de l’ex-président Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarivo. Le pouvoir s’exerce désormais hors de tout contrôle par un petit groupe d’individus, conseillers officiels ou officieux.

C’est dans ce contexte d’instabilité chronique et d’isolement international que la corruption, déjà importante par le passé, a pris des proportions inimaginables : « Des personnalités proches du régime utilisent les comptes de dépôt au Trésor pour des motifs personnels. Elles auraient notamment pu dépenser plus de 100 milliards d’ariary (50 millions de dollars) en dehors de toute ligne budgétaire » (rapport 166, International Crisis Group).

Dans l’entourage de l’ex-Dj de 36 ans, grenouille les affairistes de tout poil à commencer par son conseiller spécial, le franco-malgache Patrick Leloup.

Issu d’une des grandes familles de Tana, ses liens avec les milieux d’affaires francais remontent à la colonisation.

Au début des années 90, il profite du monopole de l’exploitation d’émeraudes avec une famille proche du président Ratsiraka qu’il quitte alors que celui-ci est écarté par Albert Zafy. Opportuniste, Leloup devient supporter de Zafy.

Les choses se gâtent avec l’ex-président Ravalomanana. Celui-ci reprochait à Leloup d’avoir voulu l’arnaquer dans une affaire immobilière et l’avait interdit de séjour à Madagascar. De quoi accréditer sa réputation de voyou dans les milieux d’affaires.

Pas étonnant donc de voir Robert Bourgi, conseiller officieux de Sarkozy en même temps qu’homme d’affaires, soutenir Rajoelina.

La tradition françafriçaine des affaires politico-affairistes est bien respectée : Foccart, dont Bourgi se dit être le fils spirituel, dirigeait aussi sa société, la Safiex, en même temps qu’il contrôlait le pré-carré français.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 199 - février 2011
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