L’homme d’affaires franco-israélien Arcady Gaydamak, condamné à six ans de prison ferme pour trafic d’armes et blanchiment dans le procès de l’Angolagate, a annoncé, le 17 février, qu’il comptait « porter plainte contre Alain Juppé pour faux témoignage, un témoignage qui m’a valu cette condamnation à la prison ».
Juppé, Premier ministre de 1995 à 1997, avait témoigné en 2003 devant le juge Philippe Courroye, chargé de l’instruction de l’Angolagate et avait affirmé « ne pas être au courant de cette affaire ». Charles Pasqua a aussi demandé à la cour d’appel, en janvier 2011, qu’elle entende Alain Juppé comme témoin.
Dans un volet connexe à ce scandale, Gaydamak a été accusé d’avoir versé de l’argent à Charles Pasqua, condamné, en première instance, à un an de prison ferme pour trafic d’influence dans l’Angolagate, afin de financer ses activités politiques, en échange de l’octroi de la médaille du Mérite.
Pasqua conteste cette version, affirmant que la médaille a été décernée au businessman franco-israélien en recon naissance de son intervention dans la libération de deux pilotes français otages en Bosnie en 1995. C’est le témoignage de l’ex-chef d’état-major des armées, le général Jean-Philippe Douin, en faveur de Pasqua, affirmant que l’ancien ministre était intervenu en accord avec le président Jacques Chirac qui a motivé la plainte de Gaydamak.
Quant à Pasqua, dans une allusion à peine voilée, il implique bien différemment Alain Juppé s’étonnant qu’il n’ait pas présidé, lors de la visite d’État du président angolais Dos Santos en 1994, le dîner offert en son honneur au ministère des Affaires étrangères : « Je n’ose pas croire que c’était à cause des liens de son suppléant de l’époque, Yves Verwaerde, avec la rébellion angolaise à travers Elf ».
Député suppléant d’Alain Juppé en 1993 à Paris, Verwaerde avait été condamné en novembre 2003, à dix mois de prison ferme et à 200 000 euros d’amende pour avoir perçu d’Alfred Sirven, ancien directeur des affaires générales d’Elf, une somme de 1,22 million d’euros via un compte suisse intitulé « Salade » ouvert en 1991, auprès de la Banque de dépôt et de gestion (BDG). L’ancien député européen, partisan d’une droite musclée, s’était défendu en affirmant que ces fonds servaient à financer le principal parti d’opposition au régime angolais, l’Unita, dont il était un sympathisant.