C’est environ 2,8 milliards d’euros (1 845 milliards de francs CFA) de recettes publiques qui ont été « distraites entre 1998 et -2004 » (sic !) au Cameroun, selon la Commission nationale anti-corruption, organisme public créée par le gouvernement sous la pression des bailleurs de fonds (AFP, 10 février). Chaque année, cela représente « une perte annuelle de 457,3 millions d’euros (300 milliards de FCFA) ».
« Dans le secteur forestier en particulier, une enquête menée par les ONG Greenpeace, Forest Monitor et le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) a estimé à 15-,4 millions d’euros (100 milliards de FCFA) la moyenne de la perte annuelle accusée par l’Etat (...) du fait de l’exploitation forestière illégale ». Dix secteurs où des actions de lutte contre de la corruption doivent être menées prioritairement sont ciblés, notamment le budget d’investissement public, les marchés publics, les finances et les forêts. Dans un pays parmi les plus corrompus au monde, il est presque certain qu’une enquête indépendante du gouvernement additionnerait des chiffres encore plus faramineux. Le document produit par la Commission nationale anti-corruption fait toutefois preuve d’une certaine impertinence en soulignant que « de l’avis des experts et observateurs avertis, les réformes institutionnelles ainsi que les sanctions prises par le gouvernement pour réprimer les actes de corruption ne se traduisent pas par un recul significatif de ce phénomène ». Est-ce à dire que ces sanctions sont du vent ? Il est aussi demandé au président Paul Biya de signer le décret d’application de l’article 66 de la Constitution sur la déclaration des biens et avoirs des commis de l’Etat et hautes personnalités de la République.
Cette disposition a été introduite…en 1996. Pas simple de lutter contre la corruption quand on est le premier, avec sa famille, à piller le budget de l’Etat.
Pour finir, le gouvernement, pléthorique, espère officiellement que le Cameroun sera à l’horizon 2015 « un pays où l’intégrité constitue une valeur capitale pour tout citoyen, avec une croissance économique fondée sur le travail bien fait, distribuée de manière équitable ». On peut toujours rêver.