Les élections législatives du 13 février
dernier ont été entachées de graves
irrégularités selon un scénario rôdé ailleurs
en Françafrique. En amont, des cartes
d’électeurs non distribuées ou, manquantes,
des bureaux de vote non désignés la veille
du scrutin, les moyens de l’État au seul
soutien des candidats du parti au pouvoir... ;
En aval, un scrutin perturbé, des électeurs
ne pouvant voter faute de carte ou de bureau
de vote, d’autres votant d’innombrables
fois, auxquels se sont ajoutés les bureaux
fictifs et les bourrages d’urnes. Mais pas
de quoi invalider des élections pour ceux
qui financent et soutiennent ce processus
politique : la France qui « salue le bon
déroulement des élections législatives »
comme pour l’Union Européenne, par la
voix de Catherine Ashton se félicitant « du
bon déroulement des élections législatives
au Tchad et du climat apaisé et serein
qui a marqué la campagne électorale et
le scrutin. » Le parti MPS (Mouvement
patriotique du salut) de Déby a « remporté »
113 des 188 sièges de l’Assemblée
nationale. Depuis, des arrestations ont eu
lieu notamment dans la ville d’Abéché (à
l’est du Tchad) et dans la ville de Goré (au
sud du pays).
La façon dont ces élections se sont
déroulées ne laisse aucun doute sur l’issue
de l’élection présidentielle du 24 avril.
Trois des candidats ont d’ores et déjà
appelé au boycott des élections, à savoir
Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy
Yorongar de la Fédération action pour la
République (FAR), et Saleh Kebzabo, de
l’Union nationale pour la démocratie et le
Renouveau (UNDR), porte-parole adjoint
de la CPDC. Ce dernier dénonçait déjà
en juillet 2010 : « La Céni se comporte
de façon inadmissible. Si elle continue
comme cela, ne soyez pas surpris demain
que les acteurs politiques refusent d’aller
aux élections ». Dans leur appel au
boycott, ces candidats ont été suivis par
le Conseil national pour le Changement et
la Démocratie (CNCD) une plate-forme
récente de l’opposition tchadienne qui
s’indigne dans un récent communiqué du
« rejet en bloc des réclamations (... ») qui
confirme (...) l’absence d’une volonté de
démocratisation du pays par Idriss Deby
Itno, mais inflige un camouflet à l’Union
Européenne qui a parrainé les accords
du 13 août 2007 » qui devait aboutir à la
démocratisation du régime.