Survie

Elections pipées au Tchad

(mis en ligne le 26 avril 2011) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Les élections législatives du 13 février dernier ont été entachées de graves irrégularités selon un scénario rôdé ailleurs en Françafrique. En amont, des cartes d’électeurs non distribuées ou, manquantes, des bureaux de vote non désignés la veille du scrutin, les moyens de l’État au seul soutien des candidats du parti au pouvoir... ; En aval, un scrutin perturbé, des électeurs ne pouvant voter faute de carte ou de bureau de vote, d’autres votant d’innombrables fois, auxquels se sont ajoutés les bureaux fictifs et les bourrages d’urnes. Mais pas de quoi invalider des élections pour ceux qui financent et soutiennent ce processus politique : la France qui « salue le bon déroulement des élections législatives » comme pour l’Union Européenne, par la voix de Catherine Ashton se félicitant « du bon déroulement des élections législatives au Tchad et du climat apaisé et serein qui a marqué la campagne électorale et le scrutin. » Le parti MPS (Mouvement patriotique du salut) de Déby a « remporté » 113 des 188 sièges de l’Assemblée nationale. Depuis, des arrestations ont eu lieu notamment dans la ville d’Abéché (à l’est du Tchad) et dans la ville de Goré (au sud du pays).

La façon dont ces élections se sont déroulées ne laisse aucun doute sur l’issue de l’élection présidentielle du 24 avril. Trois des candidats ont d’ores et déjà appelé au boycott des élections, à savoir Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy Yorongar de la Fédération action pour la République (FAR), et Saleh Kebzabo, de l’Union nationale pour la démocratie et le Renouveau (UNDR), porte-parole adjoint de la CPDC. Ce dernier dénonçait déjà en juillet 2010 : « La Céni se comporte de façon inadmissible. Si elle continue comme cela, ne soyez pas surpris demain que les acteurs politiques refusent d’aller aux élections ». Dans leur appel au boycott, ces candidats ont été suivis par le Conseil national pour le Changement et la Démocratie (CNCD) une plate-forme récente de l’opposition tchadienne qui s’indigne dans un récent communiqué du « rejet en bloc des réclamations (... ») qui confirme (...) l’absence d’une volonté de démocratisation du pays par Idriss Deby Itno, mais inflige un camouflet à l’Union Européenne qui a parrainé les accords du 13 août 2007 » qui devait aboutir à la démocratisation du régime.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 201 - Avril 2011
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