Le rapport du groupe
d’experts de l’ONU
dont Survie demandait
la publication dans son
communiqué de presse du
6 avril sur la Côte d’Ivoire a
enfin été rendu public.
Après sept mois de blocage, le
comité des sanctions l’a transmis
le 20 avril au conseil de sécurité.
Ce dernier l’a publié une semaine
plus tard, à la veille d’une nouvelle
résolution qui reconduit pour un an
l’embargo sur les armes et diamants.
Pourquoi avoir attendu sept mois pour
publier ce rapport ?
Les experts y mettent l’accent sur le
réarmement des rebelles, leur refus
des inspections des lieux susceptibles
d’abriter des armes, leurs équipements
militaires récents et le rôle du Burkina
dans l’acheminement des armes et
des munitions. Les détails rapportés
permettent d’affirmer que l’économie
de guerre mise en place par les chefs de
la rébellion génère des recettes – non
reversées au budget des Forces nouvelles
– de l’ordre de cent millions de dollars.
Trois com’zones sont particulièrement
épinglés : Ouattara Issiaka (alias Wattao)
à Séguéla, Losseni Fofana (alias Loss) à
Man et Martin Fofié Kouakou à Korhogo.
Le groupe d’experts suggère d’élargir les
sanctions déjà prises contre Fofié à Wattao
et Loss. Bref, le rapport montre que, loin
de préparer leurs troupes au désarmement
et à la réinsertion préalablement aux
élections, comme l’exigeait le quatrième
accord de Ouagadougou, les hommes de
Guillaume Soro préparaient la reprise du
conflit armé qu’ils avaient déclenché en
2002. Ces éléments plaidaient clairement
en faveur d’un nouvel ajournement des
élections. Depuis 2005 au moins, la France
a manoeuvré pour que les élections aient
lieu sans désarmement.
On sait que les diplomaties britannique
et sud-africaine se sont inquiétées de
l’absence de désarmement, sans aller
jusqu’à s’opposer publiquement à la
position française.
Le blocage du rapport montre
l’instrumentalisation de l’ONU dans la
crise ivoirienne. Un nouvel indice de
cette instrumentalisation circule sous la
forme d’une série de photographies. On y
voit des casques bleus déportant Gbagbo
vers Korhogo, où il est confié au chef de
guerre Fofié Kouakou. Celui-là même qui
est sanctionné depuis 2006 par l’ONU
pour de très graves atteintes aux droits
humains !
Ajoutons que le 30 mars, le comité qui
chapeaute les experts a allongé la liste des
individus sanctionnés. Non content de
mettre sous le tapis le rapport, le comité
a ignoré ses recommandations et préféré
inscrire l’ex-couple présidentiel et trois
personnes de leur entourage.