Les lecteurs de Billets d’Afrique et
d’ailleurs se souviennent encore du
droit de réponse que nous avait adressé
en juin 2010, Gilles Alix, le directeur
général de la société Bolloré. Il réagissait
à notre éditorial, « Bolloré désenclave
l’Afrique » (n°192).
On ne croyait pas si
bien dire à la lumière de l’obtention, très
controversée, de la concession du port de
Conakry (PAC) par le groupe Bolloré.
« Un monopole privé global », « Dans
aucun port africain ou européen, il
n’existe une exclusivité totale sur toutes
les opérations et sur tous les types
de fret », cela revient à « mettre le
commerce extérieur de la Guinée sous
le contrôle d’un seul opérateur durant
vingt-cinq ans ». C’est la conclusion
de l’audit du cabinet Inecor (Lettre
du continent n°611) à propos de cette
concession obtenue le 10 mars.
Arrivé au
pouvoir en décembre dernier, le nouveau
président guinéen, Alpha Condé l’avait,
en effet, attribuée par décret prétextant
une « défaillance » de Getma/Necotrans,
qui avait obtenu ce marché en 2008 pour
une durée de vingt-cinq ans après un
appel d’offres.
Devant la polémique qui enfle et la
bataille judiciaire qui se profile, le
groupe Bolloré est contraint de faire
marche arrière en signant prochainement
un avenant à la convention qui
reviendrait à l’ancien périmètre de 2008,
soit 120 000 m2 au lieu des 250 000 m2.
Sans rire, Bolloré affirme avoir été mis
devant le fait accompli par les autorités
guinéennes pour gérer l’ensemble des
activités du PAC (Lettre du continent
n°611). A l’insu de son plein gré ? Le
tribunal de commerce de Nanterre, en
région parisienne, a ordonné le 26 mai
à Bolloré de communiquer à Getma
la nouvelle convention, sous peine de
devoir payer 10 000 euros par jour de
retard.
Ce sera l’occasion de vérifier si
cette convention recèle d’autres faveurs
comme des redevances de concession
inchangées malgré l’extension initiale ou
la facturation aux usagers au détriment
du port de Conakry. « En mars, Getma
a porté plainte [ndlr : contre X] à Paris
pour corruption internationale contre
la décision du gouvernement guinéen,
accusant notamment Vincent Bolloré
(...) d’avoir financé la campagne
électorale d’Alpha Condé via l’agence
de communication Euro RSCG. » (AFP,
31 mai)