« S’agissant de la Côte-d’Ivoire, je
ne peux pas laisser dire qu’il y règne
un grand désordre. Il reste certes
des poches de résistance à Abidjan,
mais, globalement, la sécurité s’est
considérablement améliorée (...) ».
En revanche, on peut laisser faire
ou fermer les yeux sur la sanglante
épuration qui a suivi l’arrestation
de Laurent Gbagbo.
D’après l’ONG
Human Rights Watch (HRW), au moins
149 partisans, réels ou supposés, de
l’ex-président ont été tués par les forces
d’Alassane Ouattara depuis leur prise
d’Abidjan tandis que les miliciens pro-
Gbagbo ont tué au moins 220 personnes
dans les jours ayant immédiatement
précédé et suivi l’arrestation de Gbagbo, le 11 avril. Au sujet des exactions
commises par les Forces républicaines
(FRCI) d’Alassane Ouattara, HRW fait
état de « 54 exécutions extrajudiciaires
dans des lieux de détention officiels et
officieux ».
L’organisation demande
au nouveau régime de faire cesser
immédiatement les meurtres, tortures
et traitements inhumains et appelle
aussi à « immédiatement suspendre
les commandants responsables de
ces terribles exactions et à ouvrir des
enquêtes sur eux », notamment Chérif
Ousmane, l’un des quatre anciens
Com’zones, aujourd’hui intégrés aux
FRCI et qui se sont partagés la capitale
ivoirienne comme ils l’avaient fait dans
le nord de la Côte d’Ivoire.
Quant aux
milices pro-Gbagbo, au lendemain de
la chute de leur leader, « elles se sont
déchaînées dans plusieurs zones de Yopougon, tuant plus de 80 personnes
originaires du nord de la Côte d’Ivoire
et des pays voisins d’Afrique occidentale
en raison de leur soutien présumé à
Ouattara » indique HRW.
Le dernier rapport d’Amnesty Inter
national est d’ailleurs accablant pour
les deux camps sur les violences post-électorales. Il épingle aussi les militaires
français, restés impassibles alors que
l’entourage de Gbagbo était bastonné,
sous leurs yeux, par les partisans de
Ouattara au moment de son arrestation.
Le rapport d’Amnesty dénonce aussi la
passivité de l’ONU à Duekoué, à l’ouest
de la Côte d’Ivoire, théâtre de massacres
massifs, où le détachement onusien est
resté sagement dans son casernement.
On ne peut donc pas laisser dire à Alain
Juppé que « globalement la sécurité
s’est considérablement améliorée. »