Survie

Côte d’Ivoire : pour Juppé, tout baigne !

(mis en ligne le 1er août 2011) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

« S’agissant de la Côte-d’Ivoire, je ne peux pas laisser dire qu’il y règne un grand désordre. Il reste certes des poches de résistance à Abidjan, mais, globalement, la sécurité s’est considérablement améliorée (...) ». En revanche, on peut laisser faire ou fermer les yeux sur la sanglante épuration qui a suivi l’arrestation de Laurent Gbagbo.

D’après l’ONG Human Rights Watch (HRW), au moins 149 partisans, réels ou supposés, de l’ex-président ont été tués par les forces d’Alassane Ouattara depuis leur prise d’Abidjan tandis que les miliciens pro- Gbagbo ont tué au moins 220 personnes dans les jours ayant immédiatement précédé et suivi l’arrestation de Gbagbo, le 11 avril. Au sujet des exactions commises par les Forces républicaines (FRCI) d’Alassane Ouattara, HRW fait état de « 54 exécutions extrajudiciaires dans des lieux de détention officiels et officieux ».

L’organisation demande au nouveau régime de faire cesser immédiatement les meurtres, tortures et traitements inhumains et appelle aussi à « immédiatement suspendre les commandants responsables de ces terribles exactions et à ouvrir des enquêtes sur eux », notamment Chérif Ousmane, l’un des quatre anciens Com’zones, aujourd’hui intégrés aux FRCI et qui se sont partagés la capitale ivoirienne comme ils l’avaient fait dans le nord de la Côte d’Ivoire.

Quant aux milices pro-Gbagbo, au lendemain de la chute de leur leader, « elles se sont déchaînées dans plusieurs zones de Yopougon, tuant plus de 80 personnes originaires du nord de la Côte d’Ivoire et des pays voisins d’Afrique occidentale en raison de leur soutien présumé à Ouattara » indique HRW.

Le dernier rapport d’Amnesty Inter­ national est d’ailleurs accablant pour les deux camps sur les violences post-électorales. Il épingle aussi les militaires français, restés impassibles alors que l’entourage de Gbagbo était bastonné, sous leurs yeux, par les partisans de Ouattara au moment de son arrestation.

Le rapport d’Amnesty dénonce aussi la passivité de l’ONU à Duekoué, à l’ouest de la Côte d’Ivoire, théâtre de massacres massifs, où le détachement onusien est resté sagement dans son casernement.

On ne peut donc pas laisser dire à Alain Juppé que « globalement la sécurité s’est considérablement améliorée. »

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 203 - Juin 2011
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