Les temps sont durs pour le président
tchadien, Idriss Déby, embourbé
dans une double crise, intérieure et
extérieure. Réélu frauduleusement ce
printemps, Deby s’est aussi fait rabrouer
à Paris, le 16 mai, pour sa position
pro-Kadhafi par l’intermédiaire de
son ministre des Affaires étrangères,
Moussa Faki Mahamat.
Empêtré dans
son soutien à Kadhafi, et boycotté
par ses concitoyens lors des récentes
élections, Idriss Deby se doit de
marquer le coup.
Sur le plan intérieur,
avec des arrestations (entre autres du
colonel Daoud Ali Bouyeneou, ancien
chef d’Etat-major adjoint de l’UFR
(union de groupes politico-militaires)
et d’Adoum Erdimi, frère de Timane
Erdimi, président de l’UFR).
Et sur
le plan extérieur, par la réactivation
d’un accord Soudan-Tchad-République
centrafricaine sur la mise en place d’une
force conjointe protégeant les frontières
communes afin de combattre les
activités criminelles transfrontalières.
Le message s’adressant aux alliés du
Tchad qui n’ont pas apprécié les prises
de positions pro-Kadhafi de Déby, en
particulier la France...
Accompagné de François Bozizé, le
président centrafricain, réélu lui aussi
frauduleusement, Idriss Deby est
arrivé le 23 mai à Khartoum.
En proie à des difficultés à Abyei
(ville pétrolière située entre le Nord
et Sud, dont le statut lié à la partition
du Soudan n’a pas encore été réglé),
le président soudanais Omar El-Béchir s’est montré très serviable.
Le président tchadien réclamait ces
arrestations accusant les rebelles
tchadiens d’avoir pris des contacts
politiques avec le Conseil national de
transition (CNT) libyen en proposant
à ce dernier une aide militaire et une
alliance diplomatique.
Fortement engagé dans un soutien
à Mouammar Kadhafi, Idriss Déby,
sous la pression française, rechigne
pourtant encore à toute action en
direction du CNT libyen, et tente de se
rassurer sur la stabilité à ses frontières
en s’appuyant sur cet accord avec le
Soudan.
Mais les rapports Tchad-Soudan ne
sont pas si idylliques et un tel accord
pourrait ne pas avoir d’effets réels.
Surtout si le président soudanais a
besoin de faire appel à des supplétifs
dans la zone d’Abyei... Des rebelles
tchadiens par exemple.