Survie

Tchad : la double crise de Déby

(mis en ligne le 14 juin 2011) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Les temps sont durs pour le président tchadien, Idriss Déby, embourbé dans une double crise, intérieure et extérieure. Réélu frauduleusement ce printemps, Deby s’est aussi fait rabrouer à Paris, le 16 mai, pour sa position pro-Kadhafi par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat.

Empêtré dans son soutien à Kadhafi, et boycotté par ses concitoyens lors des récentes élections, Idriss Deby se doit de marquer le coup.

Sur le plan intérieur, avec des arrestations (entre autres du colonel Daoud Ali Bouyeneou, ancien chef d’Etat-major adjoint de l’UFR (union de groupes politico-militaires) et d’Adoum Erdimi, frère de Timane Erdimi, président de l’UFR).

Et sur le plan extérieur, par la réactivation d’un accord Soudan-Tchad-République centrafricaine sur la mise en place d’une force conjointe protégeant les frontières communes afin de combattre les activités criminelles transfrontalières.

Le message s’adressant aux alliés du Tchad qui n’ont pas apprécié les prises de positions pro-Kadhafi de Déby, en particulier la France...

Accompagné de François Bozizé, le président centrafricain, réélu lui aussi frauduleusement, Idriss Deby est arrivé le 23 mai à Khartoum.

En proie à des difficultés à Abyei (ville pétrolière située entre le Nord et Sud, dont le statut lié à la partition du Soudan n’a pas encore été réglé), le président soudanais Omar El-Béchir s’est montré très serviable.

Le président tchadien réclamait ces arrestations accusant les rebelles tchadiens d’avoir pris des contacts politiques avec le Conseil national de transition (CNT) libyen en proposant à ce dernier une aide militaire et une alliance diplomatique.

Fortement engagé dans un soutien à Mouammar Kadhafi, Idriss Déby, sous la pression française, rechigne pourtant encore à toute action en direction du CNT libyen, et tente de se rassurer sur la stabilité à ses frontières en s’appuyant sur cet accord avec le Soudan.

Mais les rapports Tchad-Soudan ne sont pas si idylliques et un tel accord pourrait ne pas avoir d’effets réels. Surtout si le président soudanais a besoin de faire appel à des supplétifs dans la zone d’Abyei... Des rebelles tchadiens par exemple.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 203 - Juin 2011
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