Survie

Une aide si intéressée

(mis en ligne le 1er août 2011) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Le rapport d’information à
propos de l’aide française
au développement
(AFD), déposé le 6 mai
dernier par les sénateurs
Christian Cambon et André
Vantomme, n’est pas
exempt de critiques sur la
coopération française.

Même s’il est réaffirmé que
l’AFD est un outil d’influence
de la diplomatie française en
fonction des intérêts géostratégiques,
les rapporteurs font à leur tour un
certain nombre de constats sévères que
bien des ONG indépendantes avaient
déjà réalisés.

Les rapporteurs ont été frappés par le
contraste entre la place de la France dans
les statistiques officielles de l’OCDE
en matière d’aide au développement
et la réalité des moyens sur le terrain
alors que la France déclare un volume
d’APD supérieur à la moyenne des
pays donateurs. Mais « en vertu d’une
interprétation autorisée mais large des
critères de l’OCDE, des crédits qui ont un rapport lointain avec une aide de
terrain effective, telle que, par exemple,
la prise en charge du coût des étudiants
et des réfugiés étrangers en France ou
des dépenses pour Mayotte
. » « On peut
estimer ces dépenses à environ 18 % de
l’APD déclarée par la France
. » « Les
variations du volume total de l’APD
française depuis 2002 sont également
marquées par le rôle essentiel de la
comptabilisation des annulations de
dettes qui représentent entre 10 et 30 %
de l’APD française selon les années.
 »

« En outre, une partie croissante de
l’aide au développement française
s’effectue aujourd’hui sous forme de
prêts, qui représentent ainsi 87 % des
engagements de l’AFD. En 2009, l’APD
hors écolage, TOM, dépenses liées aux
réfugiés, prêts et annulations de dette,
ne représentait plus qu’environ 57 % de
l’APD déclarée.
 ».

Dommage que les sénateurs ne
soustraient pas également d’autres
éléments qui n’ont rien à y faire, comme
les contributions financières au FMI et
à la Banque mondiale, la coopération
policière et militaire ou encore les intérêts
versés sur les comptes d’opération que
les pays de la zone franc CFA sont
obligés d’avoir à la Banque de France.

Ce pourcentage serait encore largement
revu à la baisse.

Le rapport souligne aussi cruellement
« la forte capacité de proposition et
d’innovation
 » de la France dans les
enceintes internationales qui se traduit
par de nombreux engagements et
promesses financières.

Mais « il est vrai
que, parfois, on peinerait à mesurer
(...) la traduction concrète de ces
engagements qui ne font pas toujours
l’objet d’une affectation financière
véritablement nouvelle et clairement
identifiée, comme c’est désormais
recommandé par l’OCDE. Certaines
nouvelles « annonces » internationales
s’appuient sur le recyclage d’une aide
limitée ou une simple réallocation des
subventions, non extensible, et déjà
promise plusieurs fois.
 »

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 203 - Juin 2011
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