Tandis que Ban Ki-Moon commence
son second mandat de secrétaire
général des Nations unies, son
représentant spécial en Côte d’Ivoire, Young-
Jin Choi – qui s’était dépêché de régulariser
l’élection d’Alassane Ouattara en décembre - est remplacé par le Néerlandais Bert
Koenders.
Grâce à Wikileaks (télégramme
05THEHAGUE2309 et Billets n°198), on
sait que la diplomatie américaine apprécie
beaucoup le volontarisme des Pays-Bas
à intervenir sur les différents théâtres
d’opération - Irak, Afghanistan. L’État-
major de l’armée néerlandaise disait en
2005 « envisager d’étendre leur implication
militaire en Afrique », ciblant explicitement
la zone des Grands Lacs (Burundi, Rwanda,
l’est de la RDC), le Botswana, la Zambie et
la Côte d’Ivoire, pour y « ajouter des yeux
et des oreilles sur le terrain ».
Le diplomate
américain ajoutait que « les Néerlandais
sont les quatrièmes plus grands fournisseurs
de programmes d’aide en Afrique ».
Quant aux Français, ils ne sont pas les
derniers dans les remaniements en cours.
InnerCityPress (le 9 juin) a rapporté
qu’avant sa réélection, Ban Ki-Moon avait
promis de reprendre un Français à la tête du
Département des Opérations de maintien
de la paix (DPKO).
Après Bernard Miyet
(1997-2000), Jean-Marie Guéhenno (2000-
2008) et Alain Le Roy (2008-...), qui cédera
sa place d’ici fin août, c’est, selon des
sources à l’ONU citées par InnerCityPress,
Éric Chevalier, qui devrait allonger la
liste des diplomates français à la tête de
ce département. Très proche de Kouchner
– dont il a été le conseiller pendant plus de
dix ans – Chevalier est l’actuel ambassadeur
de France en Syrie. Le départ de Le Roy
n’est peut-être pas étranger à certaines fuites
de documents du département qu’il dirige.
InnerCityPress ajoute que Kofi Annan
avait fait la même promesse que Ban Ki-
Moon avant d’obtenir, lui aussi, son second
mandat. C’était Jean-Marie Guéhenno qui
avait été nommé. Après ses huit années à
la tête du DPKO (2000-2008), Guéhenno
figurerait aujourd’hui encore sur le registre
du personnel de l’ONU ! Ce département est
depuis quatorze ans aux mains de la France,
sur dix-neuf ans d’existence. Son budget
annuel atteint 7,8 milliards de dollars, dont
5,2 milliards pour des missions en Afrique.
Un télégramme édité par Wikileaks
(06PARIS1720) confirme le rôle crucial de
Paris dans les interventions des Nations unies
en Afrique. Dans une « confession » de mars
2006, recueillie par l’ambassadeur des Etats-
Unis à Paris, l’ex-ministre de la défense
Alain Richard (1997-2002, sous Jospin)
« [critiquait] la façon dont la communauté
internationale et l’ONU (et spécialement
Kofi Annan) « dépendaient de la France »
(et à un degré moindre, le Royaume Uni)
pour s’occuper des problèmes en Afrique. »
Le poids de la France à l’ONU sur certaines
zones géographiques porte un nom, celui
de « Puissance intéressée » (« Power
concerned » en anglais). Dans le jargon
diplomatique, ce terme désigne la puissance
qui administre un « territoire non autonome »
(« non-self-governing territory ») et se trouve
chargée de transmettre les informations
concernant celui-ci.
En 1946, la France
s’est trouvée dans ce rôle concernant ses
« colonies ». Et ça continue...