Survie

Pour un droit d’ingérence démocratique au Gabon

(mis en ligne le 12 octobre 2011) - Georges Mpaga

Un rapport d’analyse du
système électoral gabonais,
réalisé par le Réseau des
organisations libres pour la
bonne gouvernance (Rolbg)
a permis un diagnostic d’un
système démocratique qui
n’en a que le nom.

La démocratie suppose, en effet,
des institutions qui fonctionnent
de façon impartiale et qui
reflètent la pluralité des acteurs et de
l’expression démocratique. Au stade
actuel du processus politique gabonais,
toutes les institutions sont au service
exclusif du clan et du pouvoir.

De l’Assemblée nationale au Sénat , en
passant par la Cour constitutionnelle, le
Conseil national de la communication
et la Commission éléctorale autonome
et permanente, le parti au pouvoir
règne en maître absolu. C’est ainsi
que l’Assemblée nationale et le Sénat
sont composés à 85% des membres du
PDG, le parti présidentiel. Ces deux
chambres du parlement gabonais, selon
l’avis général, ne peuvent pas contrôler
l’action gouvernementale. Par leur
inefficacité, Elles deviennent de facto
des chambres d’enregistrement faute,
en leur sein, de débats contradictoires.

L’appel irrésistible au changement

Dans sa vocation d’éveilleur de
conscience, la société civile a fait preuve
de responsabilité à travers d’une forte
mobilisation de l’opinion publique et
des médias. L’actualité gabonaise s’est
focalisée autour de la biométrie et de la
transparence électorale, qui ont été les
éléments déclencheurs du mouvement
pour la démocratisation totale du
Gabon, sous la houlette d’une société
civile engagée et déterminée à sortir
le Gabon de 43 ans d’immobilisme.

Aujourd’hui les Gabonais aspirent à
un véritable changement démocratique
qui doit déboucher sur une alternance
pacifique au pouvoir. En effet, 43 ans
de gestion opaque et calamiteuse du
pays ont considérablement affecté
le développement national. Le vrai
problème du Gabon, c’est l’absence de
démocratie, c’est aussi l’inexistence de
contre-pouvoirs et de contrôle citoyen
de l’action publique. Les lois ne sont
pas respectées par le gouvernement.

Les pouvoirs du clan Bongo renforcé

La dernière révision constitutionnelle,
décrétée
unilatéralement
par
le
gouvernement en début d’année,
a davantage renforcé le pouvoir
d’un président de la République, en
fonction depuis octobre 2009, arrivé
à la magistrature suprême, à l’issue
d’un scrutin frauduleux, marqué par
des atteintes graves aux Droits de
l’homme. Il a désormais la pleine
capacité de nomination des responsables
des institutions constitutionnelles et
de la justice. Pour faire face à cette
monarchisation du pouvoir, la société
civile, soutenue par les démocrates de
tout bord, a formulé treize propositions
afin de réformer ces institutions sans
légitimité dont la seule ambition
est de soutenir un
régime corrompu et
oligarchique.

Pendant
que
la
gran­de majorité de la
population crou­pit dans
la misère la plus abjecte,
le président s’est acheté
à Paris, en 2010, sous
couvert d’une so­ciété
immobilière appar­te­nant à son di­recteur de
cabinet, un immeuble
de 100 millions d’euros
aux frais du contribuable gabonais
.

L’impasse Bongo

Pour mettre un terme à gâchis, les
Gabonais
souhaitent
l’avènement
d’une véritable démocratie, fondée
sur la volonté du peuple à déterminer
son avenir et à construire un nouveau
modèle de gouvernance, dans un pays
miné par la corruption d’un clan refusant
toute possibilité d’alternance par les
élections libres et transparentes. Certes
le système a changé de tête, mais la
structure politique dans son orientation
idéologique et son organisation tota­
litaire demeure en place.

C’est pour cette raison que l’ingérence
de la communauté internationale au
Gabon est la condition sine qua non
pour éviter le chaos et l’anarchie.
Fort de ce qui précède, les organisations
de la société civile gabonaise, en
appellent à la communauté internationale
notamment le gouvernement des
Etats-Unis, le gouvernement français,
le Conseil de sécurité des Nations
unies, l’Union africaine et l’Union
européenne, à exercer un droit
d’ingérence démocratique au Gabon
afin de permettre la tenue des élections
libres, crédibles dans un environnement
transparent et paisible.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 205 - septembre 2011
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