Survie

Wade en pré-retraite

(mis en ligne le 12 septembre 2011) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Depuis les manifestations du 23 juin
contre une réforme de la Constitution
en faveur d’un troisième mandat de
Wade, les diplomaties occidentales
ont pris leurs distances tellement il est
évident que les Sénégalais ne souhaitent
plus Wade au pouvoir et refusent la
perspective d’une succession dynastique
au profite de son fils Karim.

D’après les câbles divulgués par
Wikileaks, la diplomatie américaine
considère
que l’actuel président du
Sénégal et son parti ne connaissent que
le langage de la violence. Elle a exigé
récemment que les critères d’une élection
transparente soient respectés.

La diplomatie française avait, au contraire,
été beaucoup plus souple envers la famille
Wade dont elle avait fait le fils Karim,
le successeur désigné. Elle se fait donc
discrète et laisse la diplomatie américaine
tenter de convaincre le « goor gi » de
quitter le pouvoir.

La Constitution sénégalaise de 2001
stipule que la présidence est limitée à deux
mandats de cinq ans consécutifs. L’article 27 est clair. Wade a déjà effectué un
premier mandat de sept ans (2000/2007),
les rédacteurs de l’époque ayant estimé
que puisqu’il avait débuté son mandat
sous l’emprise de la Constitution de 1963,
il avait la possibilité d’aller au terme de
son mandat pour lequel il avait été élu,
soit sept ans. Réélu, il arrivera donc en
2012 au terme de son second mandat
d’une durée de cinq ans comme le prévoit
la constitution de 2001. Wade avait
donc obtenu une dérogation et argue de
aujourd’hui que l’article 27 ne s’appliquait
donc pas à son premier mandat. Selon
cette logique particulière, il prétend donc
à une troisième candidature. En fait, il a
épuisé ses mandats.

Sur fond de crise politique, on attend donc,
en octobre, que la Cour constitutionnelle
valide les candidatures retenues.

En attendant, les candidats potentiels
cherchent à se faire adouber qui aux
États-Unis, qui en France, voire les deux.

De son côté, Wade continue lui aussi à
ménager ses alliances, en s’impliquant
par exemple dans le dossier libyen, en
faveur (cette fois) du CNT. Il était à Paris
le 1er septembre pour la « conférence inter­
nationale sur l’avenir de la Libye
 », et se
targuait d’être « premier pays d’Afrique
subsaharienne à reconnaître le Conseil
national de transition (CNT)
 ».

De quoi faire plaisir aux deux capitales
très (trop) impliqué dans la mise à bas de
Kadhafi : Washington et Paris...

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 205 - septembre 2011
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