Depuis les manifestations du 23 juin contre une réforme de la Constitution en faveur d’un troisième mandat de Wade, les diplomaties occidentales ont pris leurs distances tellement il est évident que les Sénégalais ne souhaitent plus Wade au pouvoir et refusent la perspective d’une succession dynastique au profite de son fils Karim.
D’après les câbles divulgués par Wikileaks, la diplomatie américaine considère que l’actuel président du Sénégal et son parti ne connaissent que le langage de la violence. Elle a exigé récemment que les critères d’une élection transparente soient respectés.
La diplomatie française avait, au contraire, été beaucoup plus souple envers la famille Wade dont elle avait fait le fils Karim, le successeur désigné. Elle se fait donc discrète et laisse la diplomatie américaine tenter de convaincre le « goor gi » de quitter le pouvoir.
La Constitution sénégalaise de 2001 stipule que la présidence est limitée à deux mandats de cinq ans consécutifs. L’article 27 est clair. Wade a déjà effectué un premier mandat de sept ans (2000/2007), les rédacteurs de l’époque ayant estimé que puisqu’il avait débuté son mandat sous l’emprise de la Constitution de 1963, il avait la possibilité d’aller au terme de son mandat pour lequel il avait été élu, soit sept ans. Réélu, il arrivera donc en 2012 au terme de son second mandat d’une durée de cinq ans comme le prévoit la constitution de 2001. Wade avait donc obtenu une dérogation et argue de aujourd’hui que l’article 27 ne s’appliquait donc pas à son premier mandat. Selon cette logique particulière, il prétend donc à une troisième candidature. En fait, il a épuisé ses mandats.
Sur fond de crise politique, on attend donc, en octobre, que la Cour constitutionnelle valide les candidatures retenues.
En attendant, les candidats potentiels cherchent à se faire adouber qui aux États-Unis, qui en France, voire les deux.
De son côté, Wade continue lui aussi à ménager ses alliances, en s’impliquant par exemple dans le dossier libyen, en faveur (cette fois) du CNT. Il était à Paris le 1er septembre pour la « conférence inter nationale sur l’avenir de la Libye », et se targuait d’être « premier pays d’Afrique subsaharienne à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) ».
De quoi faire plaisir aux deux capitales très (trop) impliqué dans la mise à bas de Kadhafi : Washington et Paris...