Les livres sur la Côte d’Ivoire fleurissent. Celui de Thomas Hofnung, La crise ivoirienne. De Félix Houphouët-Boigny à la chute de Laurent Gbagbo, publié à La Découverte, a ouvert le bal. C’est un livre d’une écriture plate et ennuyeuse où l’on trouvera rassemblé tout ce qu’en France le conformisme politique et médiatique a ressassé depuis toujours sur la Côte d’Ivoire.
Et tout d’abord la thèse du « miracle ivoirien » sous Houphouët. On croirait entendre Chirac. Le boum du cacao a certes rapporté beaucoup d’argent, mais tout a été dilapidé en vain. Les fonds de régulation de la filière ont disparu et les producteurs ont subi de plein fouet la chute des cours. Houphouët-Boigny n’a rien engrangé pour le développement industriel et la diversification des activités qui auraient assuré l’indépendance de la Côte d’Ivoire.
Après moi le déluge !
Selon Thomas Hofnung l’avancée des rebelles, lors de la tentative de coup d’État de 2002, vient de ce qu’ils étaient « mieux organisés que les FANCI (Forces nationales de Côte d’Ivoire) ». La suite de l’histoire, neuf ans après, a montré que ces troupes étaient sans aucune espèce de discipline. En fait on sait que l’avancée des rebelles en 2002 est due à l’écrasante supériorité de l’armement, puissant et sophistiqué, dont ils disposaient, on ne sait par quel miracle puisque l’armée ivoirienne était alors sous-équipée.
Ces « rebelles » s’opposaient aux « nervis de Gbagbo ». On voit tout de suite où sont les bons et les méchants, en toute objectivité journalistique. Pour documenter le « bain de sang à la libérienne », qui menaçait la CI, Thomas Hofnung se réfère à Allah n’est pas obligé, qui est un roman de A. Kourouma. La simple réalité n’est pas assez bonne à dire ?
Mais la perle des perles est probablement cette assertion : « Début 1994 le franc CFA est dévalué de moitié, marquant la fin du régime privilégié consenti aux anciennes colonies ». Belle énormité !
Que ceux qui veulent s’informer aillent consulter, sur le net le numéro 41-42 (septembre-décembre 1984) « spécial Côte d’Ivoire » de la revue Peuples noirs Peuples africains. Ils pourront y lire un article remarquable La zone franc et la Côte d’Ivoire, de Lambert Kouadio (pseudonyme d’un économiste ivoirien. Il ne faisait pas bon écrire cela sous le règne béni d’Houphouët).
Aujourd’hui cet article a toute son actualité pour ceux qui veulent échapper à la propagande néocoloniale véhiculée par le gros du troupeau des journalistes, « spécialistes de l’Afrique » dans les grands médias français.