Sorti le 16 novembre au cinéma, le film L’ordre et la morale, de Mathieu Kassovitz, revient sur l’un des plus récents crimes coloniaux français : l’assaut meurtrier du 5 mai 1988 sur la grotte d’Ouvéa, en Nouvelle Calédonie, qui se solda par la mort des 19 Kanaks preneur d’otages, dont plusieurs visiblement par exécution sommaire.
Un travail de mémoire, même s’il est dommage qu’il soit chaussé de lunettes barbouzardes, sans doute trop précoce pour Bernard Pons, alors ministre des DOM-TOM, qui n’apprécie pas la version des faits présentée par le réalisateur.
Mais le plus intéressant reste sa vision de l’autodétermination des peuples, présentée au journaliste de 20 minutes (16 novembre) : « Le travail effectué depuis 1988 est remarquable. J’espère qu’un jour, toutes les composantes de l’île pourront vivre en paix, ensemble. Il faudra faire ce référendum sur l’indépendance quand les esprits seront prêts. Aujourd’hui, c’est encore trop tôt. Le jour où cela se fera, il faudra bien respecter l’avis des Calédoniens. »
Évidemment : en 1988 ces sauvages n’étaient pas aptes à se prononcer, et il faut sans doute prolonger le « travail remarquable » effectué depuis, pour bien préparer « les esprits » : et une fois qu’ils « seront prêts » à émettre « l’avis » qu’on attend, il faudra le « respecter » !