Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo sait choisir ses invités. Après avoir reçu Blaise Compaoré le 9 novembre à La Haye, il a rencontré Guillaume Soro, Premier ministre de Côte d’Ivoire et ancien chef des Forces nouvelles, ex-rébellion, le 15 décembre à New- York.
Ce dernier était venu assister à l’Assemblée des États parties de la Cour pénale internationale à New-York, à laquelle la Côte d’Ivoire veut adhérer. Il a déclaré notamment : « De toute façon le gouvernement a fait appel à la CPI pour faire des enquêtes en Côte d’Ivoire, donc je n’ai aucune crainte. Je veux seulement que la justice se fasse et que, pour toute personne inculpée de quelque bord que ce soit, nous prenions l’engagement de procéder à son transfèrement. » Apparemment Guillaume Soro n’a aucun doute sur son immunité.
Dans son allocution devant l’assemblée il déclare même : « Ma présence en ces lieux est la preuve irréfutable de la pertinence de la CPI », ce qui peut passer pour une forme d’humour. Et il ajoute : « En effet, au plus fort de la crise ivoirienne, lorsque le Président démocratiquement élu, nous-mêmes, et des milliers de nos partisans étions reclus dans un hôtel, le Golf Hôtel, encerclés par les chars de M. Gbagbo, prêts à faire feu, n’eussent été les mises en garde répétées du procureur de la CPI quant à la possibilité de la Cour d’engager des poursuites contre les auteurs de crimes graves, ainsi que la vigilante protection des forces militaires de l’ONUCI, nous ne serions peut-être pas vivants aujourd’hui, encore moins à cette tribune. Aussi, voudrais-je saluer le courage de Monsieur Moreno- Ocampo. »
L’ONU a sauvé Soro, on lui pardonnera d’avoir livré à la mort, sous l’assaut des chars français, le ministre Désiré Tagro, et d’avoir livré tant d’innocents aux troupes de Soro.
La FIDH, ses organisations membres en Côte d’Ivoire, la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) ont réagi à la venue de Guillaume Soro et à ses déclarations en rappelant que « En tant qu’acteur politique de premier plan et responsable des Forces nouvelles (FN) depuis 2002, M. Guillaume Soro, est susceptible, comme tout dirigeant, de voir sa responsabilité individuelle engagée en tant que responsable hiérarchique dans un certain nombre d’événements de la compétence de la CPI. ».
On ne saurait mieux dire quelle sorte de relation le procureur Moreno-Ocampo devrait avoir, s’il avait un réel courage, avec Guillaume Soro.