Le quotidien américain Boston Globe a
révélé le 17 janvier que Charles Taylor,
l’ancien chef de guerre sanguinaire puis
président du Libéria, travaillait pour la
CIA dès les années 80.
Une information
confirmée par l’agence de renseignement
de la Défense américaine (DIA). C’est
la première fois que cette collaboration
est confirmée officiellement. Lors de
son procès devant le tribunal spécial
pour le Sierra Leone, Charles Taylor
avait raconté lui-même sa fausse
évasion d’une prison de haute sécurité
de Boston en 1985. Avec force détails,
il avait en effet expliqué comment
tout avait été préparé pour qu’il puisse
s’enfuir tranquillement.
Mais alors que
le verdict de son procès devant la Cour
pénale internationale est imminent,
on peut légitimement se demander
pourquoi cette confirmation intervient
à ce moment. Taylor aurait en fait été
utilisé pour informer l’agence américaine
sur Mouammar Kadhafi, mais aussi pour
infiltrer les mouvements révolutionnaires
africains, dont il se réclamait à l’époque.
Rappelons que plusieurs compagnons de
Charles Taylor ont déclaré en 2009, dans
un documentaire diffusé sur la chaîne
italienne RAI 3, que Taylor était venu
au Burkina demander une aide afin de
renverser Samuel Doe au Libéria et être
introduit auprès de Kadhafi. Thomas
Sankara ayant refusé, il se tourna alors
vers Blaise Compaoré et son actuel
chef d’état-major particulier, Gilbert
Guenguéré, qui acceptèrent, en échange
d’une aide pour l’assassinat de Thomas
Sankara.
Selon la DIA, le détail de
cette collaboration est contenu dans des
dizaines de rapports secrets – au moins
48 documents séparés – qui couvrent
plusieurs dizaines d’années. Ces rapports
contiennent-ils aussi des éléments sur
l’assassinat de Sankara ? La pétition
« Justice pour Sankara » qui demande
l’ouverture des archives en France, mais
aussi aux Etats-Unis, retrouve toute son
actualité.