Survie

Rwanda, St-Ex : un arrêt pour la forme

rédigé le 4 avril 2012 (mis en ligne le 10 avril 2012) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Patrick de Saint-Exupéry, relaxé alors
qu’il était poursuivi par plusieurs mili­taires français pour son livre sur le
génocide rwandais, sera rejugé par la cour
d’appel de Paris (AFP, 16 mars).

Dans un
arrêt rendu mardi, la chambre criminelle
de la Cour de cassation a annulé l’arrêt de
relaxe rendu le 29 juin 2011 par la cour
d’appel de Paris et renvoyé le dossier
devant la même cour, mais autrement
composée.

Publié en 2004 sous le titre
« L’inavouable, la France au Rwanda »,
l’ouvrage avait été réédité en mars 2009
aux éditions des Arènes sous un nouveau
titre avec une nouvelle introduction. La
page de couverture comportait en son
centre le titre du livre « Complices de
l’inavouable
 ». Tout autour figuraient le
nom de responsables politiques (François
Mitterrand, Dominique de Villepin,
Hubert Védrine...), des militaires de haut
rang, le juge Bruguière ou encore le nom
des banques Crédit Lyonnais et BNP.

A la suite de la publication de ce livre,
plusieurs militaires français cités en
première page et estimant être taxés
de « complices » du génocide avaient
attaqué le journaliste et son éditeur en
diffamation. Le 29 juin 2011, la cour
d’appel de Paris avait confirmé les
jugements de première instance et donné
tort à quatre de ces militaires ayant servi
au Rwanda
 : le colonel Jacques Hogard
et les généraux Eric de Stabenrath, Jean-
Claude Lafourcade et Didier Tauzin.

La
cour d’appel soulignant les « éléments
sérieux
 » dont disposait le journaliste
pour nourrir son enquête, avait estimé
qu’il était « légitime » pour les prévenus
de « procéder à l’occasion du quinzième
anniversaire du génocide rwandais à la
nouvelle publication (...) d’un ouvrage
déjà édité en 2004, qui n’avait fait l’objet
d’aucune poursuite
 » à l’époque.

Les
généraux de Stabenrath et Lafourcade
s’étaient pourvus en cassation. C’est sur
ces pourvois que s’est prononcée la Cour.
On ne peut pas savoir ce qui a motivé la
décision de la Cour puisque l’arrêt n’est
pas encore disponible. Dans la mesure où
elle ne peut se prononcer que sur la forme
comme la bonne application du droit ou
la justesse de la procédure suivie, elle ne
peut pas avoir émis de jugement sur le
fond de l’affaire.

On peut espérer que ses
motivations ne remettront pas en cause
l’issue du futur procès pour Patrick de St-
Exupéry.

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