Survie

Algérie : la quête indécente du FMI

rédigé le 10 mai 2012 (mis en ligne le 5 juillet 2012) - Raphaël de Benito

Au pays des 183 milliards de
dollars de réserves de change,
les Algériens doivent avoir
un double métier pour boucler leurs
fins de mois. Il n’est pas rare de voir
des enseignants ou des journalistes
obligés de faire le taxi, le gardien
de parking ou de vendre des fruits
et légumes pour nourrir leur famille.

Pour les femmes, pour qui la précarité
est la règle, c’est encore pire. A cela
s’ajoute une crise du logement qui
dure depuis des décennies. Echaudé
par les révolutions voisines, le
gouvernement tente bien d’éteindre le
feu mais cela reste dérisoire : le Snmg
(salaire national minimum garanti) a
été augmenté de 20%, passant à 18 000
dinars (180 euros). Une augmentation
d’ailleurs effacée par l’inflation
galopante.

Reste que « la souffrance
sociale est très répandue dans une
société à laquelle il faut trouver la
solution dans les plus brefs délais
 ».
Une « mal-vie inouïe » qui ronge
la société et qui rend « l’existence
quasiment intolérable
 » s’alarme
Farouk Ksentini, président de la
Commission nationale consultative
de promotion et de protection des
droits de l’homme.

Trois tentatives
d’immolation par le feu ont d’ailleurs
eu lieu début mars à Sétif, Khenchela
et Béjaïa, deux des victimes scandant :
« un logement ou le suicide ! ».

Dans ces conditions, la récente visite
en Algérie de Christine Lagarde est
parfaitement indécente. La patronne
du FMI, recherchant des fonds pour
renforcer les capacités de prêts du
FMI, se tourne en effet vers Alger
pour solliciter son concours en raison
de son importante réserve de change.

Le ministre des Finances algérien,
Karim Djoudi, a indiqué en marge de
la réunion du printemps du FMI et
de la Banque mondiale à Washington
que « la demande a été faite par le
FMI à l’Algérie en tant que pays doté
d’excédents financiers pour accroître
les ressources de l’institution de
Bretton Woods afin de lui permettre
d’accorder des prêts aux pays qui en
ont besoin.
 » Autrement dit les pays
de la zone euro étranglés par une
crise de la dette publique et privée.

Le FMI s’activant pour augmenter un
pare-feu financier censé contenir la
crise financière dans une zone où la
plupart des banques sont insolvables,
la Banque centrale européenne
(BCE) venant d’ailleurs d’y injecter
la somme astronomique de mille
milliards d’euros.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 213 - mai 2012
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