L’Assemblée
nationale
burkinabè
vient d’adopter une modification de
la Constitution instituant l’amnistie
pour les anciens présidents. Les autres
présidents étant décédés ou ayant déjà
été jugés, tout le monde a compris
que Blaise Compaoré est l’unique
concerné.
Rien toutefois à propos de l’article
37, qui l’empêche de se représenter en
2015. Malgré une campagne des pontes
du parti au pouvoir, le CDP, notamment
Arsène Yé Bongnessian, ministre chargé
des réformes politiques, les dirigeants
du pays ont choisi la prudence. Tous
ont encore en mémoire la révolte de
2011 qui avait gagné le pays jusqu’aux
petites villes de province dans une
première tentative de modification
de cet article 37. Le passage en force
s’avèrerait donc périlleux. Blaise
Compaoré prépare-t-il son départ ? La
situation est on ne peut plus délicate.
Après les révoltes dans les pays arabes
qui ont renversé plusieurs dictateurs,
les soutiens occidentaux de Blaise
Compaoré ne voudraient pas cautionner
publiquement une telle longévité alors
qu’il dirige le pays depuis 1987. Et même
s’il est présenté comme le médiateur
officiel de la région, on constate que,
de plus en plus, c’est son ministre des
Affaires étrangères, l’ancien capitaine
de gendarmerie Djibril Bassolet qui
mène effectivement les négociations
comme c’est le cas au Mali.
Cette amnistie ne toucherait que
les crimes commis au Burkina dont
les nombreux assassinats commis
durant la période du Front populaire
en commençant par celui de Thomas
Sankara. Mais qu’en est-il de la Cour
pénale internationale ? Nombreux sont
les documents qui l’accusent d’être
impliqué dans les conflits du Libéria et
de Sierra Leone aux côtés de Charles
Taylor et de Kadhafi. A commencer
par les rapports de l’ONU et les
minutes du procès de Charles Taylor où
Blaise Compaoré est longuement et de
nombreuses fois pointé comme un des
soutiens de ce dernier.