Au Cameroun, le régime multiplie les gestes de bonne volonté en termes de lutte contre la corruption... tant que cela ne dépasse pas les effets d’annonce. Des rapports officiels peuvent ainsi être publiés, l’important est qu’aucune disposition ne soit mise en œuvre.
C’est ce qu’ont voulu dénoncer des militants de l’ADDEC (Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun) et du tout jeune Collectif étudiant « Sauvons l’Université de Yaoundé II-Soa ». Ceux-ci réclamaient la démission du recteur, du doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion et du doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques.
Cette université, épinglée par un rapport récent du Conseil de discipline budgétaire et financier (CDBF) du Contrôle supérieur de l’Etat (CONSUPE), notamment pour copinage dans les marchés publics de l’université. Résultat : arrestation... des leaders étudiants, bastonnés et emmenés dans un lieu inconnu, le 29 juin, tandis que la police envahissait le campus pour contenir la grogne estudiantine.
De quoi alimenter l’émission de RFI animée par Juan Gomez, qui prévoyait d’organiser le débat du 4 juillet sur la lutte contre la corruption directement depuis Yaoundé.
Mais cette émission laisse trop librement s’exprimer les auditeurs, bien moins faussement naïfs que les journalistes de la chaîne radio sur la réalité des institutions camerounaises. La perspective d’entendre trop de témoignages affirmant que le plus corrompu des Camerounais reste sans doute le chef de l’Etat, n’a pas dû réjouir le régime : Juan Gomez et son équipe n’ont tout simplement pas obtenu leur visa.