Le président nigérien Mamadou Issoufou était en France début juin et a rencontré à cette occasion « la fine fleur des ONG françaises », le Niger étant aussi le paradis de l’aide internationale et des ONG es nutrition, agriculture, droit des femmes, pastoralisme, prévention des risques liés aux mines, etc.
Interlocuteur privilégié du nouveau gouvernement français et de l’Union européenne, Mamadou Issoufou s’est livré à une véritable opération de communication le 18 juin dernier.
Le président du Niger a insisté sur la croissance providentielle de son pays (15%) et l’augmentation du budget de l’Etat de 30% entre 2011 et 2012, grâce notamment aux revenus des matières premières (uranium et pétrole).
Il a appellé de ses vœux une dépendance accrue de son économie aux compagnies étrangères, quelles qu’en soient les conséquences : « Les Chinois sont très agressifs... il faut que les investisseurs français soient encore plus agressifs. » Des interrogations demeurent toutefois, exprimées par les représentants d’ONG.
Quid, malgré la croissance, de la situation alimentaire critique du Niger ? Le président sort de sa poche le programme NNN – « Les Nigériens nourrissent les Nigériens ». Comment se fait-il que malgré un budget de l’Etat en forte hausse, la part du budget allouée à la santé diminue ? Réponse : il augmente toute de même en volume. Les ONG dénoncent-elles la corruption des forces armées et de police ? Issoufou rappelle l’existence du numéro vert anticorruption et appelle à la dénonciation du racket. A toutes ces questions, Mamadou Issoufou a répondu point par point.
Ce qui n’a pas été le cas à celle posées par Survie et Sherpa sur les conditions d’exploitation de l’uranium par Areva, sur l’utilisation de l’eau du sous-sol gratuitement et dans des quantités immenses, sur la volonté du gouvernement de financer une étude indépendante d’impact des mines d’Areva.
Silence.
Pas étonnant de la part de cet ancien étudiant des Mines et ex-dirigeant de la Somaïr, une des deux filiales d’Areva au Niger ! Impossible apparemment pour Issoufou de répondre à ces interpellations alors même qu’il venait d’obtenir, le 12 juin, de François Hollande une promesse d’accélérer le début de l’exploitation de la mine d’Imouraren par Areva.
Le nucléaire reste pour le président français comme pour le président nigérien une question pas comme les autres, qui déroge à l’exigence de transparence et au débat démocratique !