Un des lobbys patronaux du business
françafricain, le Conseil des investisseurs
français en Afrique (ancien Conseil des
investisseurs en Afrique Noire – CIAN),
a obtenu d’être reçu le 4 septembre
par Pascal Canfin, ministre délégué
au développement.
Qu’un ministre
se laisse sciemment approcher par un
groupement de patrons désireux de
l’influencer n’a hélas rien de nouveau.
Et que la rencontre se passe « dans une
atmosphère détendue et joviale », selon
la Lettre du Continent (n°642), n’est
qu’une démonstration de plus de l’esprit
d’entre-soi qui prévaut malheureusement
en ce type de circonstances.
Mais Alexandre Vilgrain, président du
CIAN et patron du groupe Somdiia,
coutumier des discours vertueux sur
les dangers de la corruption, a trouvé
le moyen d’innover. Selon la Lettre
du Continent, il a en effet déclamé cet
avertissement : « Monsieur le ministre, plus
d’émissaires occultes, s’il vous plaît ! ».
Le patron d’un des groupes accapareurs
historiques de terres en Françafrique
ne manque pas d’humour. Somdiia est
en effet une holding spécialisée dans
l’agroalimentaire, qui contrôle des filiales
de production de farine au Cameroun et au
Gabon, et de production sucrière au Congo,
au Tchad, au Gabon, en Centrafrique, au
Cameroun et en Côte d’Ivoire.
Autant de
pays où une diplomatie parallèle préserve
les intérêts français depuis des décennies
et où la corruption est en général qualifiée
« d’endémique », au sens où elle est
savamment entretenue par les dirigeants
d’entreprises pour garantir la préservation
de leurs intérêts.