Survie

Hollande courtise Idriss Déby

rédigé le 2 octobre 2012 (mis en ligne le 1er novembre 2012) - Raphaël de Benito

Après Ali Bongo et Blaise
Compaoré cet été, c’est au tour du
président tchadien, Idriss Déby
d’être reçu par François Hollande ce mois
d’octobre. Au menu, le dossier malien
et la constitution laborieuse d’une force
ouest-africaine susceptible de reconquérir
le nord du Mali, la Cédéao (Communauté
des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ayant le
plus grand mal à réunir les 3 300 hommes
de sa force d’intervention.

Mal formées et mal équipées, ces troupes,
outre le soutien aérien, logistique et les
moyens de renseignement occidentaux ont
besoin de renforts aguerris. D’où l’utilité
d’Idriss Déby, qui dispose d’une armée
clanique rompue aux combats en milieu
désertique même si les attaques rebelles
de 2008 avaient été à deux doigts de le
renverser sans l’aide décisive du dispositif
Epervier au Tchad.

Déby a donc bien saisi l’opportunité
qu’il y avait de redorer son blason à
l’international et fait monter les enchères.
On peut d’ailleurs se demander si sa visite
officielle à Paris n’est pas une partie du
prix à payer pour obtenir une contribution
du Tchad.

Outre le fait qu’il est révoltant
de voir le gouvernement français courtiser
un dictateur de la trempe de Déby dont
la garde présidentielle a éliminé un de
ses plus fameux opposants en 2008,
Ibni Oumar Saleh, il est choquant qu’il
ferme les yeux sur la répression subie
aujourd’hui par les leaders syndicaux,
les journalistes ou de simples citoyens.
Rappelons la récente condamnation du
directeur de publication de N’Djaména
Bi-Hebdo, Jean-Claude Nekim, pour
avoir rapporté une pétition dénonçant
notamment la mauvaise gestion des
fonds publics et la corruption de certaines
autorités locales. A défaut de changement,
les autorités françaises font donc le choix
de la continuité de la politique africaine
de la France : l’absolution des crimes de
l’ancien commandant en chef d’Hissène
Habré depuis 22 ans au pouvoir. Le prix à
payer pour les Tchadiens est exhorbitant.

Dernière minute !

A l’heure où nous bouclons ce numéro
(1er octobre), plusieurs médias numériques
tchadiens indiquent que la visite de Déby
à Paris serait annulée ou repoussée.
Il semblerait que ses plus fidèles
partisans ont la phobie d’un coup d’Etat
et déconseillent à Déby de voyager.
A noter que fin septembre, son beau-fils Mahamat Zène Hissein Bourma, par
ailleurs trésorier payeur général, a été
arrêté à l’aéroport de Dubaï en possession
de centaines de milliers de devises.
Il a été relâché grâce à l’intervention
directe de Deby. Bourma chercherait à
acquérir des 4X4, utiles dans une incursion
au nord Mali.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 217 - octobre 2012
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