La Zone franc et sa monnaie
le franc CFA constituent
le seul système monétaire
colonial à avoir survécu à la
décolonisation.
Quarante ans après, la
politique monétaire de la
Zone franc reste toujours
décidée par la France lui
permettant de contrôler
économiquement et
politiquement ses anciennes
colonies au profit de son
économie nationale.
Le système franc CFA est fondé
sur quatre grands principes :
la centralisation des réserves
de change au Trésor public français,
la fixité de la parité franc CFA/
euro, la libre convertibilité du franc
CFA à l’euro, et la libre
circulation des capitaux
entre la France et les pays
africains de la Zone franc.
Pour garantir l’application
sans faille de ces quatre
principes,
la
France
participe aux instances
de direction des banques
centrales africaines, pièce
maîtresse du système CFA.
Un système monétaire,
pilier de la Françafrique et
entrave à la souveraineté
des États africains de la
Zone franc qui fête donc
ses quarante ans.
A cette occasion le ministère français de l’Economie
organisait le 5 octobre
un colloque, « Regards
croisés sur quarante ans de
Zone franc » en présence de plusieurs
personnalités politiques et patrons
d’institutions financières de différents
pays. C’est le chef de l’Etat ivoirien,
Alassane Ouattara, économiste de
formation et ancien gouverneur
de la Banque centrale des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui a
été chargé du discours d’ouverture.
II
s’est également prononcé sur l’avenir
de la Zone franc.
Un économiste censé devrait constater
que le modèle imposé par le système
franc CFA induit une verticalité des
échanges (Nord-Sud) au détriment
d’une coopération horizontale (Sud-
Sud).
Un économiste africain éclairé devrait
souligner qu’un tel système financier,
au service des intérêts économiques
et politiques de la France, ne peut
pas être le vecteur de l’autonomie
monétaire et du développement.
Un économiste, a fortiori chef
d’Etat, devrait relever le problème
de souveraineté posé par une
politique
monétaire
toujours
décidée par la France au préjudice
du développement des relations
entre pays africains. Il devrait
aussi constater que le système
perpétue les relations asymétriques
et néocoloniales entre la France et
les pays de la zone CFA. Et donc
logiquement enterrer le franc Cfa
plutôt que le fêter.
La Zone franc comprend deux régions en Afrique en plus des Comores :
l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté
économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (CEMAC). L’UEMOA
regroupe le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali,
le Niger, le Sénégal et leTogo. La CEMAC comprend le Cameroun, le Congo, le
Gabon, la Guinée Equatoriale et la République centrafricaine.
La Zone franc est ancienne. Sa création remonte à la fin des années trente, à la
veille de la Seconde Guerre mondiale.