Rappel des événements au
Mali depuis janvier 2012.
Pays enclavé du Sahel, le Mali
(1.240.000 km2) est frontalier
de l’Algérie, du Niger, du
Burkina Faso, de la Côte
d’Ivoire, de la Guinée, du
Sénégal et de la Mauritanie.
Il y a environ 13 millions
d’habitants, dont 70% vivent
en milieu rural. Les forces
armées comptent environ
7 350 hommes, selon l’Institut
international des études
stratégiques (IISS, 2004/2005).
Janvier
17 : première attaque par le Mouvement
national de libération de l’Azawad (MNLA,
groupe rebelle touareg), du camp militaire
de Menaka au Nord du pays, signant le
déclenchement de la rébellion
Très rapidement, les attaques du MNLA
se font conjointement avec Ansar Dine, un
groupe rebelle se revendiquant islamiste.
Février
2 : Manifestation des femmes de soldat,
à Kati, qui a un écho important dans
l’opinion
23 : L’AFP signale qu’un campement
de civils Touaregs a été la cible de tirs
d’hélicoptères de l’armée malienne.
27 : Juppé, en visite au Mali, appelle au
dialogue avec les rebelles
Mars
22 : Des militaires faisant partie des
« bérets verts », renversent le régime
d’ATT, l’accusant d’ « incompétence »
dans la lutte contre la rébellion touareg et
des groupes islamistes dans le Nord. Un
« Comité national pour le redressement de
la démocratie et la restauration de l’Etat »,
dirigé par le capitaine Amadou Haya
Sanogo, dissout les institutions.
27 : le sommet extraordinaire de la
Communauté économique des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à Abidjan
nomme Blaise Compaoré, président du
Burkina Faso médiateur dans la crise
malienne. La Cedeao menace le Mali
d’embargo en l’absence de retour à l’ordre
constitutionnel.
30 : le groupe islamiste Ansar Dine,
appuyé par le MNLA, mouvement national
de libération de l’Azawad, groupe rebelle
touareg et des éléments d’Aqmi, s’emparent
de Kidal (nord-est). Le 31, les rebelles
prennent Gao.
Avril
1er : le MNLA prend Tombouctou,
dernière ville du Nord encore sous contrôle
gouvernemental. Le 2, les islamistes d’Ansar
Dine et d’Aqmi s’en emparent, chassant le
MNLA.
du 2 au 7 avril : embargo total de la Cedeao
(sanctions économiques, financières et
diplomatiques) à l’encontre de la junte
à Bamako, levées par la signature sous
pression de l’accord cadre.
6 : « Accord-cadre » signé entre la junte
militaire et la Cédéao prévoyant le transfert
du pouvoir aux civils, la constitution d’un
gouvernement de transition pendant 40
jours, puis d’un gouvernement consensuel.
12 : Dioncounda Traoré est investi
président intérimaire pour une durée de
40 jours, en tant qu’ancien président de
l’Assemblée nationale.
14-16 : la Conférence des forces vives du
Mali, au Burkina Faso, sous l’égide de Blaise
Compaoré, censée aboutir à la constitution
d’un « gouvernement d’union nationale composé de personnalités consensuelles »
ne débouche sur aucune avancée tangible ;
la médiation de Compaoré est mise en
cause par certaines coalitions politiques
participantes.
17 : l’astrophysicien Cheick Modibo
Diarra est nommé 1er ministre de transition.
Une nomination qui suscite des critiques à
Bamako puisque Diarra est un proche de
l’ancien dictateur Moussa Traoré et un ami
de longue date de Compaoré, que le nouveau
gouvernement comprend l’un de ses plus
proches conseillers du président burkinabè
(Sadio Lamine Sow, ministre des Affaires
étrangères). Contrairement à l’accord-cadre,
les « forces vives » n’ont pas eu leur mot
à dire.
30 : Les putschistes affirment avoir fait
échouer une offensive des forces restées
loyales à ATT, les « bérets rouges »,
s’apparentant à une tentative de contre-coup
d’Etat (au moins 22 morts).
Mai
20 : suite à des tractations entre la junte
et la Cedeao, le président intérimaire ;
Dioncounda Traoré censé assurer la
transition pendant les 40 premiers jours
après le putsch est reconduit à la tête de
l’Etat pour un an. Il est censé organiser
des élections dans ce laps de temps.
21 : le président Traoré est blessé dans
son bureau à la présidence près de Bamako
par des manifestants opposés à son maintien
au pouvoir. Il est soigné à Bamako, puis à
Paris.
Juin
27 : les islamistes du Mujao (Mouvement
pour l’unicité et le jihad en Afrique de
l’Ouest) prennent le contrôle de Gao après
des combats avec les rebelles du MNLA
(au moins 35 morts). Bilal Ag Cherif, le
secrétaire général du MNLA, blessé est
évacué par un avion militaire burkinabè
et transporté à Ouagadougou. Le 28, les
forces du MNLA quittent Tombouctou sur
injonction d’Ansar Dine.
30 : Des islamistes d’Ansar Dine entament
la destruction de mausolées de saints
musulmans à Tombouctou, en représailles
à la décision de l’Unesco de classer la ville
patrimoine mondial en péril.
Juillet
5 : entretien téléphonique entre François
Hollande et le président tchadien, Idriss
Deby. le Conseil de sécurité des Nations
Unies adopte à l’unanimité la résolution
2056, présentée par la France, apportant
son soutien aux efforts de la Cédéao et de
l’Union Africaine pour résoudre la crise au
Mali. Cette résolution, placée sous chapitre
VII de la Charte des Nations unies, prend
note des travaux de planification militaire
des organisations régionales pour y déployer
une force de stabilisation. Elle appelle tous
les états à coordonner leurs efforts pour lutter
contre le terrorisme d’Aqmi, du Mujao et de
leurs soutiens. Elle demande l’adoption de
sanctions.
11 : le Représentant spécial du Secrétaire
général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest,
l’Algérien Said Djinnit, déplore devant le
Conseil de sécurité qu’en dépit des efforts
louables de la Cédéao, les arrangements
transitoires, y compris l’adoption d’une
feuille de route pour la tenue d’élections et
de la restauration de l’intégrité territoriale
du Mali, n’aient pas encore été consolidés.
« Cette situation, a-t-il noté, a conduit
les dirigeants de la Cédéao à accélérer
le déploiement de la Force en attente
de la Cédéao au Mali, et ce, sans avoir
recueilli l’accord préalable des autorités
maliennes ».
15 : Laurent Fabius est reçu à Alger par le
président Bouteflika
26 : Laurent Fabius débute sa tournée au
Sahel au Niger et déclare que les « grands
pays » comme la France apportent leur
« soutien » aux Africains sur ce dossier « et
si nous pouvons être un facilitateur de ce qui
peut être fait dans l’intérêt des Maliens et de
la sous-région, nous remplirons ce rôle de
facilitateur, ni plus ni moins »
27 : Laurent Fabius est au Burkina et
s’entretient avec son homologue Djibrill
Bassolé avant d’être reçu par Compaoré.
27 : le président Traoré regagne Bamako
après deux mois de convalescence à Paris.
27 : la Cédéao bloque une livraison d’armes
lourdes achetées par l’Etat malien sous
Amadou Toumani. Blindés et munitions,
sont bloqués dans plusieurs ports de la sous-région, notamment Conakry et Dakar
28 : durant son passage controversé au
Tchad, Laurent Fabius déclare aux côtés
du président tchadien Idriss Déby que « le
Tchad a fait part de sa disponibilité pour
concourir à une solution de la crise au
Mali », en relevant que ce pays dispose
d’une certaine “capacité militaire” ».
29 : Traore annonce de nouveaux organes
de transition réduisant les pouvoirs de son
Premier ministre
31 : des militaires arrêtés après leur participation au contrecoup d’Etat de fin avril
ont été victimes d’exécutions sommaires,
de tortures ou ont disparu dans la ville de
garnison de Kati (Amnesty International).
Août
Démarrage de la mission « civile » Eucap
Sahel Niger, visant l’appui des forces
nigériennes pour lutter contre le terrorisme
et la criminalité organisée : « Les intérêts
de l’UE dans cette région sont multiples :
ils comprennent la lutte contre l’insécurité
et la criminalité organisée, la sécurité
énergétique et l’immigration illégale. »
4 : le ministre français de la Défense Jean-
Yves Le Drian déclare qu’une intervention
militaire africaine est « souhaitable et
inéluctable », « la France la soutiendra et je
l’espère, l’Union européenne aussi ».
7 : le ministre burkinabè des Affaires
étrangères, Djibrill Bassolé rencontre les
milices islamistes armées qui contrôlent le
Nord du Mali. En tant que médiateur de la
Cédeao pour la crise malienne, le Burkina
Faso dit vouloir favoriser des discussions
directes entre les autorités maliennes de
transition et les groupes armés du Nord.
9 : Blaise Compaoré reçoit Saïd Djinnit.
Celui-ci sera à Abidjan le 12 août pour une
entrevue avec Alassane Ouattara, président
en exercice de la Cédéao.
10 : le Maroc propose à l’ONU de nommer
un émissaire spécial pour le Mali, différent
de l’Algérien Said Djinnit, « déjà surchargé
de travail des questions allant de la
piraterie dans le golfe de Guinée au coup
d’ Etat en Guinée-Bissau ». L’ambassade
de France à l’ONU, Gérard Araud déclare
que c’est une idée française.
21 : après de longues tractations,
constitution d’un nouveau gouvernement
d’union nationale au Mali loin de faire
l’unanimité. Il change peu du précédent
mais signe le retour des partis politiques
traditionnels. Une première : création
vivement contestée d’un ministère des
Affaires religieuses et des cultes.
27 : discours de François Hollande à
la conférence des ambassadeurs : « Au
nord du Mali s’est constituée une entité
terroriste assumée et revendiquée comme
telle, qui lance un défi à nos intérêts, à
nous valeurs et à notre population (...) ».
Septembre
1er : des islamistes du Mujao prennent
totalement le contrôle de Douentza
(Mopti, centre), après en avoir renvoyé
des milices alliées.
2 : selon les services de renseignements
français, des armes auraient récemment été
livrées, via le Burkina Faso, au Mujao.
4 : le représentant spécial de la France
pour le Sahel, Jean Felix-Paganon
annonce depuis Abidjan que le Mali a
officiellement demandé une aide militaire
à la Cédéao.
12 : le Président malien formule
au secrétaire général de l’ONU, Ban
Ki-moon, une demande « d’appui et
accompagnement ».
18 : Blaise Compaoré est en visite
officielle en France. éclipsé par le chef
de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara,
président en exercice de la Cédéao, il
tente, à cette occasion, de revenir au
centre du dossier malien. Il rappelle
que la Cédéao ne peut pas concevoir une
intervention militaire sans avoir le droit de
déployer des hommes à Bamako. Il déclare
également qu’il est plus facile de négocier
avec Ansar Dine qu’avec Bamako.
20 : le Premier ministre malien Cheick
Modibo Diarra s’entretient à Paris avec
avec Laurent Fabius. Diarra rencontre
également Compaoré. Les deux évoquent
les points de discordance entre le plan
d’intervention militaire de la Cédéao et
celui des forces armées maliennes.
21 : l’ONU se dit prête à « examiner une
proposition réaliste pour le déploiement
d’une force panafricaine ». Le président
malien souhaite une libération du Nord
par « la négociation ou par la force ».
23 : le Mali et la Cédéao font part de leur
accord sur les conditions de déploiement
d’une force africaine, prévoyant notamment que le quartier général des forces
africaines soit situé à Bamako.
24 : Laurent Fabius, annonce à New York
que Bamako avait officiellement demandé
une intervention militaire internationale
dans le nord du Mali, contrôlé par des
groupes islamistes. Le même jour, Ag
Mohamed Asseleh, membre du Conseil de
transition de l’Azawad, le gouvernement
provisoire du MNLA. menace de s’allier
aux « groupes islamistes et terroristes »
qui occupent le nord du Mali en cas
d’intervention ouest-africaine, si un
accord n’est pas trouvé avec Bamako.
Déclaration faite à Ouagadougou où vivent
plusieurs responsables du MNLA dont son
chef, Bilal Ag Achérif, en convalescence
dans la capitale burkinabè après avoir été
blessé en juin dans des combats contre les
groupes islamistes, avec lesquels il menace
désormais de s’allier.
26 : sommet sur le Sahel organisé en
marge de la 67e assemblée générale des
Nations unies à l’initiative de la France.
A cette occasion, François Hollande
demande « une convocation la plus rapide
possible du Conseil de sécurité » sur le
dossier malien. Le secrétaire général de
l’ONU Ban Ki-moon annonce également la
nomination prochaine d’un envoyé spécial
pour le Mali, ce qui a deux effets : la mise
sur la touche du médiateur Compaoré qui
avait souhaité intégrer aux négociations le
Qatar, soupçonné de soutenir les islamistes
et d’écarter l’Algérien Said Djinnit,
représentant spécial du Secrétaire général
de l’ONU pour l’Afrique de l’ouest.
27 : l’ONU, qui a consacré une conférence
à la question le 26 septembre en marge de
son Assemblée générale annuelle, admet
l’ « urgence » de la situation. Mais se
montre aussi, et surtout, très prudente,
sur les objectifs et les modalités d’une
force militaire internationale. « Toute
solution militaire pour résoudre la crise
sécuritaire dans le nord du Mali devrait
être envisagée avec une extrême prudence.
Elle pourrait avoir de graves conséquences
humanitaires » , avertit Ban Ki-moon, le
patron des Nations unies.
26-27 : les ministres de la Défense de l’UE
ont demandé aux autorités compétentes
d’envisager « les options disponibles pour
soutenir les efforts internationaux visant à
venir en aide au Mali ».
29 : dans un entretien publié dans Le
Monde, le Premier ministre malien Cheikh
Modibo Diarra rejette catégoriquement
la perspective de négociation avec les
islamistes armés, huit jours seulement
après l’appel au dialogue lancé par le
président malien aux groupes armés. « Les
pays qui parlent de négociations nous ont
fait perdre du temps », insiste-t-il, semblant
évoquer implicitement le Burkina Faso ou
l’Algérie.
Au même moment, une source officielle
malienne assurait cependant qu’une
rencontre venait d’avoir lieu, à Alger,
entre une délégation des islamistes du
groupe Ansar Dine et un haut-gradé de
l’armée malienne.