Il n’y a pas que les ONG pour critiquer le voyage de François Hollande à Kinshasa. Mais dans son communiqué du 18 octobre, Anthony Bouthelier, président délégué du CIAN (Conseil des Investisseurs français en Afrique, qui regroupe la plupart des chefs d’entreprises qui font des affaires sur le continent), n’a pas critiqué le principe de ce déplacement, mais les « discours dogmatiques » qui l’ont émaillé selon lui, avec cette « attitude paternaliste où un Président français accueilli par un pays africain lui prodigue des leçons de démocratie ».
Cette voix du patronat françafricain préfère rappeler, la main sur le cœur, que « pour des millions et des millions de personnes, le seul souci est de trouver à manger pour leur famille et eux- mêmes ». Se demander si les membres du CIAN y sont pour quelque chose, serait sans doute criminel à ses yeux...
La rengaine est connu : priorité à une « approche technique », selon laquelle « les entreprises sont créatrices de richesses, sans lesquelles il n’y a pas de développement ». Seule condition, « l’Etat de droit », résumé selon lui à l’idée que « l’entrepreneur veut être sûr qu’un engagement sera tenu, un contrat respecté et que la défaillance sera sanctionnée... ». C’est le credo libéral de la « bonne gouvernance », qui évacue la question de la légitimité démocratique et du respect des droits humains : le mythe du « bon dictateur », mais sans en oser le mot.
Quatre ans plus tôt, dans une interview au Monde (4 juin 2008), le même Bouthelier avait pourtant parlé de « présidents prédateurs africains », de « potentats », de « kleptocrates africains », assurant même que « la longévité de certains dirigeants n’est pas un facteur de stabilité comme on le prétend. Elle fabrique de la fragilité économique et de l’exaspération sociale » Aujourd’hui, c’est plutôt l’exaspération de ses complices kleptocrates qu’il semble craindre.
Un message très clair pour la « diplomatie économique » de Monsieur Fabius...